Mise en examen : tout comprendre en 5 min

Mise en examen : comment ça marche ?

Après une garde à vue, vous avez finalement été placé en mise en examen par le juge d’instruction et souhaitez dès lors comprendre ce qu’implique une telle décision ou encore comment la contester ? Cet article est fait pour vous.

Avocats pénalistes à Paris, nous pouvons vous accompagner si vous faites l’objet d’une mise en examen.

Qu’est-ce qu’une mise en examen ?

La mise en examen a une définition qu’il convient de bien appréhender. En effet, la mise en examen correspond à la décision du juge d’instruction de soumettre une personne soupçonnée d’avoir commis ou tenté de commettre une infraction, à une instruction préparatoire.

Dans ce contexte, la mise en examen a lieu dans le cadre de l’information judiciaire

Qui peut faire l’objet d’une mise en examen ?

La mise en examen n’est pas réservée qu’aux personnes majeures. La mise en examen d’un mineur est également possible. 

Toutefois, le juge d’instruction ne peut mettre en examen une personne que s’il existe des indices graves et concordants laissant présumer qu’elle est l’auteur d’une infraction (Article 80-1 du Code de procédure pénale).

Par exemple, en mars 2018, Nicolas Sarkozy a été mis en examen dans la mesure où plusieurs documents libyens accréditaient un financement illégal. Ces derniers permettaient de déduire des indices graves et concordants de la commission de diverses infractions telles que de la corruption passive, du financement illégal de campagne électorale ou encore du recel de fonds publics libyens. 

Bon à savoir : vous pouvez contester l’existence de ces indices graves et concordants dans une requête en nullité visant votre mise en examen.

L’existence de ces indices graves et concordants est primordiale au sens où elle peut différencier votre régime de celui du témoin assisté

La plus grande différence entre ces deux statuts se situe au niveau des obligations imposées. En effet, le témoin assisté, dans le cadre d’une audition libre par exemple, est libre de quitter les lieux à tout moment. 

À l’inverse du témoin assisté qui ne peut se voir imposer ni une mesure de contrôle judiciaire, ni une assignation à résidence, ou encore une détention provisoire, le mis en examen peut être soumis à une de ces mesures. 

Il est donc important de vérifier s’il est bien possible de justifier votre mise en examen par des  indices graves et concordants permettant de laisser penser que vous avez commis une infraction. Si tel n’est pas le cas, vous pouvez contester la décision de mise en examen.

Il appartiendra alors aux seules juridictions d’instruction d’apprécier l’absence d’indices graves ou concordants pouvant justifier une mise en examen, le choix entre le statut de témoin assisté et celui de mis en examen, ainsi que la détermination du moment de la mise en examen.

Comment se déroule une mise en examen ?

La convocation et le défèrement

Une personne peut être mise en examen dans plusieurs cas de figure : 

  • après une garde à vue ;
  • après un mandat d’arrêt ;
  • après avoir été entendu sous le statut de témoin assisté.

Dans le cadre d’une garde à vue, une mise en examen, d’après le Code de procédure pénale, peut être sollicitée : 

  • soit par le juge d’instruction, c’est une convocation ;
  • soit par le procureur de la République, représentant du Ministère public, qui déférera sa demande au juge d’instruction. Il s’agit d’un défèrement.

 

L’interrogatoire

Le juge d’instruction décide de la mise en examen du suspect après l’avoir interrogé. 

Cet interrogatoire est appelé « premier interrogatoire » si la personne concernée n’a pas encore été entendue par le juge d’instruction. 

A l’inverse, si elle a déjà été entendue, cet interrogatoire est dit de « première comparution ».

Durant cet interrogatoire, le juge d’instruction va informer la personne concernée des droits dont il dispose (droits de la défense: droit à l’assistance d’un avocat, etc.)

Bon à savoir : une mise en examen tardive peut être vue comme une violation des droits de la défense, pouvant entraîner la nullité de la procédure

À la fin de cet interrogatoire, le juge rendra une décision favorable ou défavorable s’agissant de la mise en examen. 

Cet interrogatoire donnera lieu à un procès-verbal que devront signer le mis en cause, le juge d’instruction et le greffier.

Quelles sont les droits et obligations durant une mise en examen ?

Les droits du mis en examen

Le mis en examen dispose de plusieurs droits :

  • droit d’accès à la procédure ;
  • droit de demander une copie des pièces maîtresses dans une langue qu’il comprend ;
  • droit de demander l’annulation de la mise en examen ;
  • droit de solliciter une confrontation ;
  • droit de demander un nouvel interrogatoire ;
  • droit de requérir l’audition d’un témoin, en présence de son avocat.

À côté de ces droits dont il dispose, le mis en examen peut se voir imposer certaines obligations à respecter. 

Les obligations du mis en examen

À l’inverse du statut de témoin assisté, celui du mis en examen autorise le juge d’instruction a pouvoir prendre plusieurs mesures restrictives de liberté : 

  • la mise en examen peut être sous contrôle judiciaire ;
  • il peut ordonner qu’il fasse l’objet d’une assignation à résidence avec un bracelet électronique ;
  • il peut également saisir le juge des libertés et de la détention d’une demande de placement en détention provisoire.

Quelle est la durée de la mise en examen ? 

La durée de la mise examen dépend du temps que le juge d’instruction estime nécessaire pour effectuer toutes les recherches utiles à la manifestation de la vérité. 

Toutefois, la mise en examen s’achève obligatoirement avec la fin de l’information judiciaire

Le juge d’instruction doit prévenir le mis en cause de la durée prévisible de cette mise en examen. 

La mise en examen, pouvant durer le temps de l’information judiciaire, ne peut donc excéder 2 ans

En effet, l’article 175-2 du Code de procédure pénale dispose que la durée de l’instruction ne peut excéder un délai raisonnable au regard de la gravité des faits reprochés à la personne mise en examen, de la complexité des investigations nécessaires à la manifestation de la vérité et de l’exercice des droits de la défense. 

Si elle dépasse ces 2 ans, le juge d’instruction devra rendre une ordonnance motivée à ce sujet.

Comment contester une mise en examen ?

Le mis en examen peut contester la décision du juge d’instruction de le placer en examen.

Sur la forme

La mise en examen peut être annulée pour un vice de forme. 

Exemple : l’omission d’une signature obligatoire. 

Dans ce contexte, une requête doit être adressée à la Chambre de l’Instruction de la Cour d’Appel compétente dans un délai de 6 mois à compter de votre premier interrogatoire/ interrogatoire de première comparution

Sur le fond

Comme vu précédemment, il est également possible de demander l’annulation de la mise en examen pour absence d’existence d’indices graves et concordants dans les 6 mois suivants l’interrogatoire ayant conduit à la mise en examen.

Le mis en examen peut :

  • soit effectuer une demande d’annulation auprès de la Chambre d’Instruction ;
  • soit demander au juge d’instruction de revoir son statut de mis en examen (possible tous les 6 mois).

L’avocat, lors de la mise en examen, va permettre de réaliser ces différentes contestations.

Mise en ligne : 3 juin 2021

Rédacteur : Nina LA CASA, Master 1 Droit Pénal et Sciences Criminelles de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Sous la direction de Maître Elias BOURRAN, Avocat au Barreau de Paris et Docteur en Droit.

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