Loi influenceur de juin 2023
Définition de l’influenceur
La loi influenceur pose la définition de l’activité d’influenceur comme étant :
- « Les personnes physiques ou morales qui, à titre onéreux, mobilisent leur notoriété auprès de leur audience pour communiquer au public, par voie électronique, des contenus visant à faire la promotion, directement ou indirectement, de biens, de services ou d’une cause quelconque exercent l’activité d’influence commerciale par voie électronique ».
Définition de l’agent d’influenceur
L’activité agent d’influenceurs, qui sert d’intermédiaire entre les influenceurs et les marques, est également précisée.
La loi dispose que l’activité d’agent d’influenceur consiste à représenter, à titre onéreux, les personnes physiques ou morales exerçant l’activité d’influence commerciale par voie électronique définie à l’article 1er avec des personnes physiques ou morales et, le cas échéant, leurs mandataires, dans le but de promouvoir, à titre onéreux, des biens, des services ou une cause quelconque. Les personnes exerçant cette activité prennent toutes les mesures nécessaires pour garantir la défense des intérêts des personnes qu’ils représentent, pour éviter les situations de conflit d’intérêts et pour garantir la conformité de leur activité à la loi.
Contrat d’influenceur obligatoire et responsabilité conjointe
Des contrats écrits seront obligatoires entre les influenceurs, leurs agents et les annonceurs, une fois qu’un certain seuil de rémunération ou d’avantages en nature est atteint (ce seuil sera précisé par décret). Ces contrats devront comporter des clauses obligatoires, telles que les missions assignées, les conditions de rémunération, et l’application du droit français dès que les abonnés en France sont concernés.
Pour compenser les victimes potentielles, le législateur a établi une responsabilité conjointe entre l’annonceur, l’influenceur et son agent. En outre, les influenceurs qui résident hors de l’Europe (comme à Dubaï) seront tenus de nommer un représentant légal au sein de l’Union Européenne et de souscrire à une assurance responsabilité civile dans l’UE s’ils ciblent un public en France.
Enfants influenceurs
Des dispositions spéciales sont mises en place pour protéger les enfants influenceurs. Les réglementations concernant le travail des enfants sur les plateformes de partage de vidéos, établies par la loi du 19 octobre 2020, sont désormais applicables à toutes les plateformes en ligne (y compris les réseaux sociaux tels qu’Instagram, Snapchat ou TikTok). Les enfants qui sont des influenceurs commerciaux seront protégés par le code du travail. Leurs parents seront tenus de signer leurs contrats avec les annonceurs et de mettre de côté une partie de leurs revenus (le pécule).
Les plateformes en ligne (comme YouTube, TikTok, etc.) ont des obligations renforcées. En accord avec le Digital Services Act (DSA), elles devront fournir une option pour signaler les contenus illégaux, donner la priorité au traitement des notifications des signaleurs de confiance et retirer rapidement ces contenus.
Interdiction de certaines publicités
La nouvelle loi vise à renforcer le respect des normes publicitaires par les influenceurs, notamment en ce qui concerne la promotion de biens et de services (loi « Evin », code de la consommation, normes sur les produits gras, sucrés et salés, etc.).
Elle interdit également les publicités pour la chirurgie et la médecine esthétique, certains produits et services financiers (notamment les crypto-monnaies), l’abstention thérapeutique, les sachets de nicotine et les abonnements à des conseils ou des pronostics sportifs. Les publicités impliquant des animaux sauvages sont également interdites, sauf en collaboration avec des zoos.
La loi encadre également la publicité pour les jeux d’argent et de hasard pour protéger les mineurs, ainsi que la promotion d’inscriptions à des formations professionnelles, notamment via le compte personnel de formation (CPF).
En réponse aux nombreuses dérives observées dans la pratique du dropshipping, la loi rend les influenceurs responsables vis-à-vis des acheteurs pour la vente de produits de mauvaise qualité ou contrefaits, ou en cas de non-livraison.
Information des abonnés
Pour assurer une transparence accrue envers leurs abonnés, les influenceurs seront tenus d’apposer clairement les mentions « publicité » ou « collaboration commerciale » sur leurs contenus promotionnels.
Dans le but de protéger les plus jeunes, toute photo ou vidéo présentant un visage ou une silhouette modifiés, notamment via des filtres ou grâce à l’intelligence artificielle, devra être accompagnée de la mention « images retouchées » ou « images virtuelles ».
De plus, une sensibilisation sera mise en place au collège pour éduquer les élèves sur les contenus sexistes, la manipulation commerciale, les risques d’escroquerie en ligne et les outils disponibles sur les plateformes pour signaler des contenus illicites.
Contrôles et sanctions
Les influenceurs qui enfreindraient les interdictions ou obligations stipulées par la loi pourraient être passibles de peines de prison et d’amendes conséquentes (jusqu’à 300 000 euros dans certains cas), ainsi que d’une interdiction d’exercer leur activité.
Les pouvoirs de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sont renforcés en ce qui concerne les astreintes et les mises en demeure prononcées à l’encontre des influenceurs.
Les plateformes de réseaux sociaux seront tenues de collaborer avec l’État pour réguler le secteur de l’influence commerciale et promouvoir l’information du public sur les droits et obligations des influenceurs et de leurs agents.