Mésentente entre associés : quelles solutions envisageables ?

Comment résoudre un conflit entre associés ?

Créer une société peut être le fruit de plusieurs personnes. Lorsqu’elle n’est pas le fruit d’un associé unique, elle suppose que plusieurs personnes mettent leurs expériences et leurs compétences en commun pour parvenir à la réalisation d’un même objectif : développer une activité entrepreneuriale. Au cours de la vie sociale, il est néanmoins possible voire, fréquent, que des conflits ou des mésententes entre associés relatifs à la gestion de l’entreprise émergent et mettent ainsi en péril la croissance pérenne de votre activité.

En effet, ces conflits ou mésententes entre associés peuvent parfois avoir des conséquences préjudiciables, allant de la diminution de la productivité des équipes jusqu’à une éventuelle dissolution de la société. En effet, les mésententes entre associés peuvent paralyser le fonctionnement de la société

Le conflit entre associés est malheureusement rarement envisagé en amont, alors même qu’il impacte à la fois la bonne marche de votre société ainsi que les relations que vous entretenez avec vos pairs.

Sachez que le droit offre plusieurs solutions à ce type de problématique. Il est en effet possible d’anticiper d’éventuelles situations conflictuelles et à défaut, d’envisager une résolution amiable ou judiciaire.

Avocats en droit des affaires, nous pouvons vous accompagner en matière de prévention et de résolution de conflits entre associés, ainsi que dans le cadre d’une éventuelle procédure.

Quelles formes peut prendre la mésentente entre associés ?

La mésentente entre associés est un désaccord majeur provoquant très souvent la paralysie de la société.

Quelques cas où une mésentente entre les associés peut survenir :

 

Abus d’un associé

C’est lorsqu’un associé va prendre des décisions abusives favorisant ses intérêts personnels au détriment de la société ; Concrètement, vous savez déjà que chaque associé dispose d’un de vote aux assemblées générales de la société. Ces assemblées générales entrainent la prise de décisions majeures relatives à l’activité de la société.

Par exemple : entrée d’un nouvel associé, rémunération excessive des gérants ou des dirigeants, augmentation du capital…

Il est possible qu’un des associés abuse de son droit de vote. On parle alors d’abus de majorité (lorsque les associés majoritaires votent une décision contraire à l’intérêt social dans le but de léser les associés minoritaires) ou, d’abus de minorité (lors que des associés minorités bloquent l’adoption d’une décision servant l’intérêt social dans le but de protéger leurs propres intérêts). Dans ce cas, on peut donc avoir une mésentente entre associé majoritaire et associés minoritaires. Ceci se différencie de la mésentente entre associés égalitaires.

 

Faute de gestion et abus de biens sociaux

La faute de gestion représente l’hypothèse où un des associés prend des décisions avec une intention frauduleuse (par exemple en escroquant son associé) ou se comporte de manière déloyale.

Par exemple, en faisant concurrence à sa propre société ou en cachant des informations sensibles pour en tirer profit à des actionnaires minoritaires).

Alors que la faute de gestion est sanctionnée sur le plan du droit civil, l’abus de biens sociaux est quant à lui réprimé par le droit pénal.

À la différence de la faute de gestion où le dirigeant n’engage pas les ressources de la société dans son intérêt à elle, l’abus de biens sociaux représente le cas où le dirigeant utilise les ressources de la société dans son propre intérêt exclusivement.

Par exemple, un abus de biens sociaux va être caractérisé lorsque le dirigeant fait prendre en charge par la société le paiement de ses billets d’avion pour partir en vacances.

 

Le non-respect des procédures réglementées

Pour chaque société, il existe une procédure stricte de contrôle des conventions conclues entre la société et un de ses dirigeants (direct ou par personne interposée).

Le non-respect de cette procédure peut entraîner non seulement la nullité de la convention mais pourra également engager la responsabilité des dirigeants en cas de conséquences dommageables subies par la société.

 

Les divergences de stratégies

Au cours de l’expérience entrepreneuriale, des obstacles peuvent surgir (nouveau concurrent, baisse de chiffre d’affaires, investissement inégal des associés…) qui peuvent remettre en cause l’équilibre sociétal et par là même engendrer des tensions.

De nombreuses sources conflictuelles peuvent émerger au cours de l’aventure entrepreneuriale et donc mettre en péril le développement de votre activité.

Rassurez-vous, il existe des solutions à la fois pour prévenir les conflits entre associés mais également pour les résoudre.

Comment prévenir la mésentente entre associés ?

Sachant qu’il est fort probable de se retrouver face à une mésentente entre associés paralysant le fonctionnement société, il est plus judicieux de tenter de prévenir une telle situation. 

Envisager la possibilité d’une mésentente entre associés, lors de la rédaction des statuts de la société, est indispensable pour éviter toute fin tragique (dissolution, révocation de l’associé, etc.).

 

Anticiper une éventuelle mésentente entre les associés dans les statuts de votre société

Afin d’anticiper au mieux la survenance d’un litige, nous recommandons aux associés de prévoir les modalités de la résolution des conflits dans les statuts de la société.

Il est donc préférable de :

  • Définir clairement les rôles de chaque associé dans les statuts de la société (que ce soit dans une SARL, une SAS, SCI, etc..). À ce titre, l’organisation de la société doit être déterminée le plus clairement possible ;
  • Anticiper le litige en réfléchissant à des solutions nécessaires au bon fonctionnement de la société. Par exemple, il peut être judicieux d’anticiper une éventuelle crise en prévoyant la mise en œuvre d’une procédure à l’amiable.

Il est également possible de prévoir des clauses particulières dans le cadre d’un pacte d’associés pour anticiper d’autres types de mésententes entre associés éventuelles.

 

Élaborer un pacte d’associés

La conclusion d’un pacte d’associés est devenue une pratique courante lors de la création d’une société à plusieurs.

Qu’est-ce qu’un pacte d’associés ?

Il s’agit d’un acte extra judiciaire visant essentiellement à organiser le fonctionnement social de l’entreprise. Il peut être signé par tous les associés d’une même société ou, par certains seulement.

Ce sont les clauses que vous choisissez d’intégrer dans votre pacte d’associés qui permettront d’éviter que les situations conflictuelles rencontrées ne dégénèrent en dissolution de la société.

De quelles clauses s’agit-il ?

  • Clause d’exclusion : Elle prévoit l’exclusion de l’associé de la société dans des situations strictement déterminées (en cas de mésentente entre associés occasionnant des dommages ou paralysant la société par exemple)
  • Clause de « buy or sell » : dans le cadre de cette clause de rachat forcé des titres, un associé va proposer à l’autre associé de lui racheter ses actions ou parts sociales à un prix convenu. L’associé recevant la proposition peut accepter ou refuser. S’il accepte, il sort ainsi du capital de la société. S’il refuse, il a l’obligation de racheter les titres de l’associé au même prix mais reste dans le capital de la société.

S’il est toujours préférable d’anticiper le conflit, il existe un grand nombre de cas où les associés ne prévoient pas à l’avance la survenance d’un tel litige.

Comment remédier à un conflit entre associés ?

Lorsque les mésententes entre associés n’ont pas été prévus par les statuts ou par un pacte d’actionnaire, plusieurs solutions sont envisageables.

 

La procédure amiable

En cas de mésentente entre associés, les solutions au blocage peuvent passer par la procédure amiable. Parmi les modes alternatifs de règlement des conflits dont la finalité est d’aboutir à la mise en œuvre d’un accord amiable, on retrouve la médiation et de la conciliation.

Dans le cadre de la conciliation et de la médiation, un tiers va jouer un rôle pour favoriser le règlement amiable entre les associés.

Quel est le rôle du tiers ?

  • Le médiateur aide les parties dans leur réflexion et décision : il va chercher à faire émerger les termes d’un accord.
  • Le conciliateur va quant à lui proposer des solutions après avoir écouté les différents points de vue des parties.

Dans tous ces cas, le tiers, qu’il soit médiateur ou conciliateur, n’impose rien. Ainsi, les associés restent maîtres de la solution au litige : tout repose donc sur leur accord.

Sachez qu’un avocat peut être désigné comme médiateur ou conciliateur par les parties.

Ces modes de règlements à l’amiable sont recommandés dans la mesure où ils permettraient d’apaiser les relations entre les associés et d’éviter, en cas de réussite, de passer par une procédure judiciaire.

Les associés peuvent également mettre en œuvre un arbitrage qui suppose la présence d’un ou plusieurs tiers (arbitre) chargés de rendre une décision appelée « sentence arbitrale » et qui s’imposera aux parties, avec la même force qu’un jugement.

L’avantage majeur de l’arbitrage est sa rapidité, par rapport à une procédure devant le juge étatique.

Afin de déterminer quelle procédure amiable vous correspond le mieux, tournez-vous vers votre avocat qui pourra vous accompagner et vous conseiller.

 

La procédure judiciaire

La procédure judiciaire a lieu lorsque les relations entre associés sont si conflictuelles qu’ils ne peuvent plus communiquer, et que toute procédure amiable semble inconcevable.

Plusieurs solutions sont envisageables :

  • L’action en abus de majorité ou de minorité

L’abus de majorité suppose la prise de décisions contraires à l’intérêt de la société dont le but est de favoriser le(s) associé(s) majoritaire(s).

À ce titre, l’associé minoritaire pourra saisir le juge compétent qui constatera la nullité de la décision prise par l’associé majoritaire s’il estime que la demande est fondée.

L’abus de minorité est caractérisé lorsque l’associé agit de manière contraire à l’intérêt général de la société, en interdisant la réalisation d’une opération essentielle pour elle et dans l’unique but de favoriser ses propres intérêts au détriment de ceux de l’ensemble des autres associés.

  • La désignation d’un mandataire ad hoc ou d’un administrateur provisoire

Le président du tribunal compétent peut désigner un mandataire ad hoc. Sa mission aura pour objet de tenter de résoudre les difficultés entre les deux associés.

En cas de mésentente grave faisant obstacle au fonctionnement normal de la société ou la mettant en péril, l’associé minoritaire peut également demander au juge de nommer un administrateur provisoire lorsqu’il est en désaccord avec la politique ou les actions de l’associé majoritaire. L’administrateur se substituera alors à l’associé majoritaire et prendra le contrôle de la société.

  • Révocation de l’associé

La révocation de l’associé peut être prononcée à la suite de la mise en œuvre d’une clause d’exclusion, mais peut également être prononcée par le juge pour juste motif (motif légitime et objectif).

  • La dissolution judiciaire de la société

Enfin, l’une des solutions les plus extrême est la dissolution judiciaire de la société.

Cette dissolution est prévue par l’article 1844-7 5° du Code civil qui dispose que :

« La société prend fin par la dissolution anticipée prononcée par le tribunal à la demande d’un associé pour justes motifs, notamment en cas d’inexécution de ses obligations par un associé, ou de mésentente entre associés paralysant le fonctionnement de la société. »

La dissolution ne peut pas être demandée par l’associé à l’origine de la mésententemais par l’associé qui se prévaut d’un intérêt légitime.

De plus, la dissolution nécessite que le mésentente entre les associés soit suffisamment grave et sérieux et entraine une paralysie totale du fonctionnement de la société.

À la suite de la dissolution, la société conservera sa personnalité morale pour régulariser sa situation avant sa disparition totale.

Pourquoi faire appel à un avocat pour résoudre vos conflits entre associés ?

Faire appel à un avocat dans le cadre d’un conflit ou d’une mésentente entre associés peut s’avérer judicieux pour éviter que la situation ne dégénère.

L’avocat permet aux intéressés de connaître leurs droits, leurs obligations et les risques encourus. Sachez en effet qu’une mauvaise gestion sociale de votre entreprise peut conduire à la cession de parts sociales à un prix en dessous de leur valeur réelle.

Aussi, l’avocat permet d’apaiser les échanges en expliquant de manière claire les enjeux juridiques et les solutions envisageables pour que votre activité professionnelle puisse perdurer dans les meilleures conditions possibles.

Mise en ligne : 4 décembre 2020

Rédacteur : Julie Dinarque, Master 2 en Droit Anglais et Nord-Américain des Affaires de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et Margaux DUTERNE, Master 2 en Droit européen et international des affaires à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Sous la direction de Maître Elias BOURRAN Avocat au Barreau de Paris et Docteur en Droit.

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