Délit d'aide au séjour irrégulier : tout savoir

Délit d’aide au séjour irrégulier : que faut-il savoir ?

Le délit d’aide au séjour irrégulier consiste en l’interdiction faite par le droit français d’apporter un soutien matériel ou financier à un étranger qui entre ou se maintient sur le territoire national sans y avoir été autorisé par l’État français. 

Cette infraction a soulevé la controverse au sein des associations de protection des droits des étrangers en situation irrégulière

En effet, celles-ci reprochaient au législateur d’assimiler leurs actions bienveillantes à celles d’organisations clandestines ayant pour objet de réaliser des profits. 

Depuis 2012, le délit n’est plus caractérisé lorsque l’on est en présence d’actions humanitaires et désintéressées. 

Autrement dit, ce n’est pas le caractère matériel de l’aide qui est retenu pour qualifier l’infraction mais son caractère lucratif. 

Dans ce contexte, il existe 2 cas de figures : 

  • Si l’aide est gratuite donc humanitaire, alors l’aidant ne sera pas condamné ;
  • Si l’aide est payante donc lucrative, alors l’aidant sera condamné. 

Vous apportez votre aide à une personne en situation irrégulière et vous souhaitez savoir si votre comportement est illégal ? Cet article est fait pour vous. 

Avocats en droit des étrangers, nous pouvons vous accompagner dans vos projets. 

Quels sont les critères de qualification du délit d’aide au séjour irrégulier

 

L’élément légal du délit d’aide au séjour irrégulier

Le droit français sanctionne le délit d’aide au séjour irrégulier. Le Code pénal ne le mentionne pas directement. 

En effet, c’est l’article L.622-1 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA) qui le prévoit. 

Peu importe que vous vous trouviez sur le territoire français ou sur le territoire d’un autre État de l’espace Schengen. Ce qui importe est que vous ayez fourni une aide à un étranger en situation irrégulière. 

Bon à savoir : si vous avez déjà été condamné pour les mêmes faits dans un autre État, alors vous ne pourrez pas être condamné en France au titre du délit d’aide au séjour irrégulier. 

 

L’élément matériel du délit d’aide au séjour irrégulier

Le comportement illicite tient en l’aide apportée à un étranger en situation irrégulière. Cette aide peut prendre diverses formes : 

  • L’aide à l’entrée sur le territoire ;  
  • L’aide à la circulation sur le territoire ; 
  • L’aide au séjour sur le territoire. 

Cette aide peut être directe ou indirecte. Autrement dit, tous types de comportements constituant une aide sont illégaux. Peut commettre un délit d’aide au séjour irrégulier

  • L’hébergeur de l’étranger en situation irrégulière ; 
  • Le bailleur de l’étranger en situation irrégulière ; 
  • Le transporteur de l’étranger en situation irrégulière ;
  • L’employeur de l’étranger en situation irrégulière ; etc. 

Cette aide peut ne pas avoir été effective.

Autrement dit, la simple tentative est incriminée. Si vous avez simplement tenté d’aider un étranger en situation irrégulière mais que cette aide n’a pas porté ses fruits, alors vous avez eu un comportement prohibé. 

 

Dans quelles circonstances êtes vous immunisé contre le délit d’aide au séjour irrégulier ?

Il existe deux hypothèses dans lesquelles vous pouvez aider un étranger en situation irrégulière sans commettre d’illégalité. 

Ces deux hypothèses sont les suivantes : 

  • L’aide familiale ; 
  • L’aide humanitaire. 

Dans le contexte de l’aide familiale, il faut entendre très largement la notion de “famille”.

Peuvent aider l’étranger en situation irrégulière : 

  • Ses ascendants ou descendants ; 
  • Son conjoint ; 
  • Ses frères et soeurs et leurs conjoints ; 
  • Son concubin ; etc. 

Bon à savoir : toutefois, le délit est maintenu lorsque l’aidant porte secours à son conjoint polygame. 

Dans le contexte de l’aide humanitaire, il faut entendre la notion de « but exclusivement humanitaire » comme un synonyme de gratuité. L’aide ne peut être légale que dans la mesure où elle est désintéressée. 

Peuvent constituer des aides humanitaires légales :

  • L’assistance juridique ; 
  • L’assistance linguistique ; 
  • L’assistance sociale ; 
  • L’assistance psychologique. 

 

L’élément moral du délit d’aide au séjour irrégulier

Pour être incriminé, vous devez nécessairement avoir commis volontairement le délit d’aide au séjour irrégulier. 

Autrement dit, il faut que vous ayez été au courant de la situation irrégulière de la personne que vous avez aidée. 

Cette connaissance de la situation de l’étranger est déduite du contexte dans lequel vous vous trouviez lorsque vous lui êtes venus en aide. 

La jurisprudence a considéré que : 

  • Exemple 1 : le bailleur qui loue un bien immeuble à des étrangers qu’il sait être en attente de titres de séjour connaît leur situation irrégulière ; 
  • Exemple 2 : le conducteur d’un camion réfrigéré transportant des étrangers dans des conditions indignes connaît leur situation irrégulière. 

Bon à savoir : le simple fait que vous n’ayez pas connaissance du délit d’aide au séjour irrégulier ne prouve pas le caractère involontaire de votre comportement. Vous n’êtes jamais légitime à ne pas connaître la loi. 

Quels sont les risques pour l’auteur du délit d’aide au séjour irrégulier

Les sanctions applicables à l’auteur du délit d’aide au séjour irrégulier seront distinctes selon que vous êtes une personne physique ou une personne morale. 

 

Quelles sont les sanctions pour un aidant personne physique ? 

  • La peine principale sera en principe de 5 ans d’emprisonnement et de 30 000€ d’amende. En cas de circonstances aggravantes, elle pourra s’élever à 10 ans d’emprisonnement et 750 000€ d’amende. Ces circonstances aggravantes peuvent être la commission de l’infraction en bande organisée, les conditions dangereuses ou indignes dans lesquelles les étrangers sont placés, etc. ;
  • Les peines complémentaires peuvent être de plusieurs natures : une interdiction de séjour sur le territoire français, la suspension, la confiscation de la chose ayant servi ou étant le fruit de l’infraction, etc. 

 

Quelles sont les sanctions pour un aidant personne morale ? 

  • La peine principale peut aller de 150 000€ à 3 750 000€ d’amende
  • Les peines complémentaires peuvent être de plusieurs natures : une dissolution, une interdiction d’exercer une ou plusieurs activités professionnelles ou sociales en relation avec l’infraction, un affichage de la décision, etc. 

Bon à savoir : ces peines sont prononcées au terme d’une décision prise par le juge pénal. Vous pouvez interjeter appel de cette décision. Dans ce contexte, le recours à un avocat est  judicieux. 

Mise en ligne : 18 juin 2021

Rédacteur : Maëlle PEYRAT, Diplômée des Universités de Paris 2 Panthéon-Assas et de Paris 4 Sorbonne Lettres. Sous la direction de Maître Elias BOURRAN, avocat au Barreau de Paris et Docteur en Droit.

 

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