Formation du sportif professionnel : quelles options ?

Comment se former comme sportif professionnel ?

La formation du sportif professionnel est déterminante dans sa courte carrière. Très tôt, le jeune sportif est confronté à la professionnalisation, à des contraintes et à des risques. 

Plus tard, le sportif établi doit veiller à son perfectionnement s’il veut rester dans la compétition, ou songer à sa reconversion dans un univers professionnel qui lui laisse peu de temps. La formation du sportif professionnel est donc d’abord une question de droits professionnels du sportif. Jeune sportif en attente d’une carrière professionnelle ou sportif professionnel attentif à son avenir, cet article est fait pour vous. 

Quelle formation initiale pour le jeune sportif ? 

Qui forme le futur sportif professionnel ? 

Le jeune sportif est un sportif non-professionnel âgé d’au moins quatorze ans pour le droit du sport. L’enjeu de sa formation n’est pas le même que celui de l’adulte. 

En effet, il s’agit pour lui de se préparer à la pratique professionnelle de son activité sportive, tout en continuant de bénéficier d’un enseignement académique et scolaire. 

Dans ce contexte, le Code du Sport prévoit des “centres de formation” émanant des clubs, (sociétés comme associations sportives). Agréés par l’autorité administrative sur la base d’un cahier des charges légalement établi par la fédération de rattachement, ils sont adaptés à ce double projet de formation sportive et scolaire du futur professionnel. 

En effet, la plupart des centres de formation sont liés en partenariat avec les sections sportives scolaires des établissements locaux. 

Tout jeune joueur licencié peut y être reçu dans les limites des effectifs maximaux autorisés par le cahier des charges. 

 

Comment le centre de formation peut-il s’assurer d’un retour sur investissement ? 

La formation dans un centre agréé répond donc le mieux aux intérêts du jeune sportif. Qu’en est-il des intérêts du centre de formation lui-même ? 

Si vous gérez un centre de formation, la prise en charge d’un jeune sportif peut représenter un coût non négligeable. Naturellement, vous serez intéressés à ce que le futur sportif professionnel demeure dans votre club en y signant un contrat de travail à la fin de sa formation. 

Avant 2007, les clubs avaient trouvé comme solution efficace d’insérer dans la convention de formation du jeune joueur, une obligation de signer une autre convention ou un contrat professionnel à la fin de la formation. 

Même si le joueur refusait de signer un tel contrat à expiration de la convention, il lui était interdit de signer un contrat professionnel dans un autre club. 

Le jeune joueur était immobilisé pendant 3 ans. Toutefois, en 2007, le juge a considéré qu’une telle pratique était contraire au libre exercice d’une activité professionnelle, ainsi qu’à la liberté de circulation dans l’Union européenne. Aujourd’hui opté pour d’autres solutions plus appréciées des juges, comme une indemnité de formation, ou mieux encore une clause de dédit-formation qui obligerait le jeune sportif à vous rembourser tous les frais de formation s’il “démissionne” de sa formation. 

Les fédérations sportives peuvent, depuis 2012, imposer par règlement un nombre minimal de sportifs localement formés dans les équipes des clubs affiliés. Seuls les centres de formation agréés peuvent recourir à de telles pratiques pour contraindre les jeunes sportifs à signer dans le club relatif. 

Vous l’avez désormais compris, en tant que club, ne négligez pas la demande d’agrément de votre centre de formation à l’administration. 

 

Quels contrats pour le jeune sportif ? 

Comme précédemment évoqué, avec la question du placement futur du joueur, les termes de la formation du jeune sportif sont loin d’être sans incidence. C’est pourquoi elle est encadrée par une convention de formation professionnelle

Celle-ci est signée par le jeune joueur âgé d’au moins quatorze ans (ou à défaut par son représentant légal), et par l’association ou la société chargée en son centre de sa formation. 

Attention : cette convention n’est pas un contrat de travail, et n’est pas soumise au régime des CDD spécifiques (défini par le Code du Sport aux articles L222-2 et suivants). Toutefois : 

  • Elle peut prévoir la conclusion d’un contrat de travail avec un club à terme ;
  • Sa signature peut être accompagnée par celle d’un authentique contrat de travail, ou de “contrats de joueurs en formation” qui sont des contrats de travail. 

Bon à savoir : le contrat de joueur en formation doit être signé par un joueur âgé d’au moins 16 ans. Sinon, il doit être signé par le représentant légal du joueur.  

  • Elle peut être précédée d’un “accord de non-sollicitation”, qui est une promesse d’embauche du joueur. 

 

Comment rédiger une convention de formation ? 

La convention de formation détermine toute la formation du jeune sportif. Parfois elle détermine jusqu’à son proche avenir professionnel puisqu’elle peut prévoir des contrats de joueur en formation ou la signature à terme d’un CDD avec le club. Elle mérite donc une rédaction soignée. 

Toutefois, son contenu n’est pas libre. Le Code du Sport renvoie pour chaque discipline à des conventions-types conçues par décrets ministériels en Conseil d’État. Ces décrets renvoient eux-mêmes aux réglementations des fédérations délégataires. 

La rédaction de votre convention doit donc respecter rigoureusement les modèles établis par les fédérations sportives et approuvés par arrêté du ministère chargé des sports.

Quelle formation continue pour le sportif professionnel ? 

Quelles opportunités de perfectionnement pour le sportif professionnel ? 

Le sportif adulte établi est, pour le droit du sport, un sportif qui a déjà signé au moins un contrat de travail avec un club sportif. Sa formation renvoie donc davantage au perfectionnement de son jeu. 

À ce titre, le sportif professionnel dispose, depuis la loi de 2018, pour la liberté de choisir son avenir professionnel, d’un droit à la formation continueLe Code du Sport dispose en outre à son article L.222-2-10 que l’association ou la société sportive assure en lien avec les fédérations, les ligues et les syndicats, le « suivi socioprofessionnel du sportif ». 

Prenez le temps de faire valoir ce droit à la formation. Il peut prendre les modalités suivantes : 

  • d’un plan de formation organisé par votre club ; 
  • de 126 heures de formation capitalisées chaque année et utilisées dans ou hors de votre temps de travail ; 
  • de congés individuels de formation d’une durée d’un an. 

Bon à savoir : les aspects financiers de la formation (allocations de formation) sont à la charge du club employeur. 

 

Quelles possibilités de reconversion pour le sportif professionnel ? 

La reconversion professionnelle est l’autre aspect problématique de la formation du sportif professionnel. Beaucoup la néglige, notamment parce qu’elle n’est pas encadrée par une législation spécifique. Cette dernière est pourtant nécessaire compte tenu de la précocité de la retraite sportive. 

La loi de 2018 prévoit également des dispositifs de reconversion

Bien entendu, le sportif professionnel pourra toujours employer son droit à la formation continue dans une promotion en alternance vers un autre métier. 

Toutefois, il existe des dispositifs adaptés aux sportifs. En particulier, pour les sportifs de haut niveau, un Pacte de performance conclu entre le club et l’État permet une réinsertion aménagée et financée du joueur dans le monde du travail. 

 

Le sportif professionnel peut-il se reconvertir en entraîneur ? 

Le sportif professionnel peut faire le choix de se reconvertir en entraîneur sportif en fin de carrière. En effet, c’est un choix judicieux, où il pourrait faire valoir son expérience. 

La formation du coach sportif professionnel hors reconversion est organisée par le Code du Sport qui la délègue à des établissements publics bien connus : l’INSEP et les Écoles Nationales à l’échelle nationale, les CREPS à l’échelle régionale. 

Ces écoles ont une véritable dimension académique, car au-delà des capacités physiques et sportives, la formation professionnelle du coach sportif nécessite des connaissances techniques. 

Dans la perspective d’une reconversion, il est conseillé d’employer son droit à la formation continue auprès d’universités comme le Centre d’Études des Sportifs Nationaux et Internationaux, qui délivre des diplômes allant jusqu’au niveau 7 pendant la carrière sportive.

Mise en ligne : 18 novembre 2021

Rédacteur : Charles DELIE, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et ESCP Business School. Sous la direction de Maître Amélie ROBINE, Avocat au Barreau de Paris et Docteur en Droit.