Qu’est-ce qu’une opération de ratchet ?
Contexte de l’opération de ratchet
Dans la pratique, le mécanisme de la clause de ratchet est lié aux problématiques de valorisation des actifs d’une société.
Dépréciation de la valeur du capital social
La valeur d’une société et de son capital social n’est jamais qu’une opinion que se fait le marché à un instant donné sur sa capacité à créer des richesses futures.
Si le capital social d’une entreprise est déprécié par le marché (par exemple, parce que la croissance de son chiffre d’affaire diminue), alors les titres de ses actionnaires seront dévalués à leur tour.
En effet, la préservation des relations de pouvoir dans la société implique de maintenir le taux de participation de chaque associé, quelle que soit la valorisation du capital social.
Si celui-ci est réduit, la valeur des parts de chaque associé doit être proportionnellement réduite afin de laisser inchangée la structure de participation de la société.
Exemple
Soit le capital social d’une société qui s’élève à 1000 € divisé en parts sociales d’une valeur nominale unitaire de 2 €.
Si un actionnaire détient 50 parts, alors sa participation en capital social s’élève à 100 €. Elle est valorisée à 10 % du capital social.
Si la valeur du capital social est dépréciée à 500 €, il ne sera pas considéré que l’associé détient désormais 100/500=20% du capital social.
La logique est inverse : détenant 10% du capital social, la valeur réelle de sa participation s’élève désormais à 50 € au lieu de 100.
Nouveau tour de financement
La dévaluation des parts détenues par un actionnaire peut également résulter d’une émission par la société qu’il finance de titres à un prix inférieur à celui qui lui a été proposé.
Une telle émission peut advenir au cours d’une augmentation de capital par exemple.
Dans ce cas, les effets du marché financier finiront par ramener la valeur vénale des titres de l’actionnaire à la nouvelle valeur émise.
En effet, sur le marché, l’actionnaire sera contraint d’aligner la valorisation de ses parts sur le nouveau prix de vente, au risque de ne pas trouver d’acheteurs.
Pourquoi recourir à une clause de ratchet ?
L’investisseur voit d’un mauvais œil ces réductions de la valeur vénale de ses parts.
En effet, l’associé investisseur, à l’inverse de l’associé fondateur, n’est pas intéressé par le pouvoir dans la société, mais par le montant qu’il pourra tirer de la revente de ses parts.
Si un tel risque de dévaluation de sa participation se présente, il sera moins enclin à investir dans la société.
En ce sens, la dévaluation des titres dessert aussi l’associé fondateur qui a besoin des ressources financières de l’investisseur.
Le droit des affaires peut protéger l’investisseur contre cette dévalorisation, et servir les associés fondateurs.
Au moment de la signature du pacte d’associés, ou au moment de la souscription à une augmentation de capital, l’investisseur peut négocier une clause de ratchet qui lui donne le droit de revaloriser sa participation à moindre coût.
La clause n’a pas pour effet d’augmenter la valeur des titres détenus par l’investisseur.
Elle lui donne le pouvoir d’acquérir de nouvelles actions, et par effet quantité, de ramener la valeur totale de sa participation à sa valeur initiale.
En reprenant l’exemple ci-dessus, la valeur vénale unitaire de chaque part a chuté à 1 €. L’investisseur lésé pourrait souscrire 50 actions supplémentaires pour se ramener à une participation totale de 100 €.
Si la valeur unitaire de chaque action diminue, alors il est permis à l’investisseur d’augmenter le nombre de titres qu’il détient dans la société.
C’est un phénomène de « cliquet », qui se traduit « ratchet » en anglais.