L’interdiction des clauses léonines et les conventions de portages
Qu’est-ce que la convention de portage ?
Par la convention de portage, à la demande d’une personne, appelée donneur d’ordre, une autre, appelée porteur (souvent un établissement financier), accepte d’acquérir ou de souscrire des titres d’une société. Il est prévu dans la convention d’origine que le porteur s’engage à rétrocéder les titres, après un certain temps, au donneur d’ordre ou à un tiers, qui est obligé de les racheter.
Cette convention comporte une clause qui fixe le prix des titres à payer lors de la cession ou de la rétrocession. Souvent, il est retenu un prix minimum que le donneur d’ordre de la convention de portage s’engage à payer en dépit des variations de la valeur des titres. Concrètement, si le prix minimum garanti est de 2000, le donneur d’ordre va devoir payer 2000 même si le titre ne vaut plus que 100.
On s’est donc demandé si une telle clause ne constituait pas une clause léonine prohibée par l’article 1844-1 du Code civil.
La clause insérée dans la convention de portage : Une clause léonine ?
En effet, dans l’opération de portage, le porteur s’est exonéré de toute participation aux pertes.
En d’autres termes, lors de l’acquisition des droits sociaux, le porteur est assuré de pouvoir les céder à un prix plancher, de sorte qu’il évite l’obligation de contribution aux pertes. Ce qui pourrait être considéré comme contraire à la lettre de l’article 1844-1 du Code civil qui interdit les clauses léonines car le porteur serait garanti contre toute dépréciation des titres.
Quelle est la réponse de la Cour de cassation ?
La Chambre commerciale, pour écarter l’application de l’article 1844-1 du Code civil, s’attache à l’objet de la transmission des titres, distinguant deux sortes de clauses de fixation de prix plancher. Si la clause a pour seul objet de contourner le pacte social, dans l’intention d’éviter à un associé toute contribution aux pertes, elle est léonine et la convention la contenant est entièrement annulée. Dans le cas contraire, la clause sera valable.