Refus de soin : tout savoir en 5 min

Peut-on refuser un soin ?

Le métier de médecin ou de praticien médical est d’apporter une solution thérapeutique à un patient qui souffre d’une maladie, d’un état de santé défaillant ou d’une situation qui nécessite une intervention médicale.

Toutefois, il arrive que le patient refuse les soins, mais aussi que le médecin refuse de pratiquer certains actes médicaux. 

En effet, tout patient a le droit de refuser un traitement , tout comme certaines situations autorisent le médecin à refuser de pratiquer un acte médical.

Néanmoins, ces situations sont strictement encadrées par la loi afin de limiter les impacts néfastes et les conséquences dommageables, en particulier pour le patient. 

Si vous estimez avoir fait l’objet d’un refus de soin illégitime, des recours s’offrent à vous pour contester ce refus. 

Vous souhaitez contester un refus de soin ? Cet article est fait pour vous. 

Avocats en droit de la santé, nous pouvons vous accompagner dans vos projets en matière de santé.

Qu’est-ce que le refus de soin ?

Tout d’abord, on distingue le refus de soin du patient du refus de soin du médecin. 

 

Qu’est-ce que le refus de soin du patient ?

Tout patient a le droit de refuser les soins qui lui sont proposés.

En effet, toute personne a le choix d’accepter ou de refuser les traitements qui lui sont proposés par un praticien médical.

C’est souvent le cas en raison de convictions religieuses, éthiques ou personnelles. 

 

Qu’est-ce que le refus de soin du médecin ?

Tout médecin a le droit de refuser un soin à un patient au titre de la clause de conscience du médecin.

En d’autres termes, tout médecin peut refuser d’exécuter un acte médical qu’il estime contraire à ses convictions personnelles.

Par exemple, certains médecins refusent de pratiquer l’avortement. 

Que faire en cas de refus de soin ? 

Après avoir constaté le refus de soin par le patient ou le médecin, il est important de connaître les droits et devoirs légaux de chacun afin d’apporter une réponse adaptée. 

 

Comment faire l’analyse de situation d’un refus de soins ?

La situation d’un refus de soin est celle où le patient ou le médecin ont clairement exprimé leur refus de pratiquer ou de recevoir un soin ou un traitement médical. 

 

Que dit la loi à propos du refus de soin du patient ?

La réalisation de soins et l’administration de traitements médicaux à un patient sont réglementés par la loi et soumis à certains protocoles obligatoires.

De fait, la loi du 4 mars 2002 sur le refus de soins consacre le droit des patients au consentement. 

Il est obligatoire de recueillir le consentement du patient avant de lui administrer un traitement ou un soin médical (Article L. 1111-4 du Code de la Santé Publique).

Pour obtenir un consentement valide, le praticien a l’obligation de fournir des informations médicales fiables, claires et justes au patient.

Autrement dit, le consentement doit être libre et éclairé. 

En outre, la loi Léonetti de 2005 permet aux patients en fin de vie de refuser l’acharnement thérapeutique.

En effet, si l’euthanasie (la provocation de la mort ) n’est pas autorisée, l’administration de soins dans le seul but de maintenir le patient artificiellement en vie peut être refusée par le patient. 

Toutefois, il n’est pas obligatoire de recueillir le consentement du patient dans deux situations : 

  • en cas d’urgence : les médecins ont l’obligation de porter secours à toute personne en situation de péril ou de détresse (article R. 4127-9 du Code de la Santé Publique) ;
  • en cas d’obligation de soins : l’obligation de soins concerne en particulier les toxicomanes ou certaines personnes condamnées (articles L 3423-1 du Code de la Santé Publique et 131-36-1 du Code pénal). 

Si le patient n’est pas en mesure d’exprimer sa volonté et donc son consentement, notamment en raison de son état de santé, les solutions sont les suivantes : 

  • le praticien médical peut faire appel à la personne de confiance désignée, à la famille ou aux proches ;
  • le praticien doit rechercher d’éventuelles directives anticipées (lien) et s’y référer. 

 

Que dit la loi à propos du refus de soin du médecin ?

La loi et en particulier la clause de conscience du médecin autorise les soignants à refuser une pratique médicale en raison de leurs convictions personnelles.

Toutefois, ce droit est très encadré. 

Par exemple, le médecin peut refuser de pratiquer des soins pour les raisons suivantes : 

  • si l’acte médical est contraire à ses convictions ;
  • en cas de mésentente avec un patient ;
  • en cas de comportement agressif du patient ;
  • en cas d’incompétence du médecin.

Néanmoins, le médecin ne peut pas refuser de pratiquer des soins pour les raisons suivantes : 

  • pour un motif discriminatoire (nationalité, origine, sexe, situation familiale, état de santé, âge, handicap, orientation sexuelle, opinion politique, appartenance éthnique ou religieuse, etc.) ;
  • pour un motif financier (patients bénéficiaires de la Couverture Maladie Universelle (CMU) ou de l’aide médicale d’Etat (AME)). 

En cas de refus de soin, le praticien a l’obligation de vous en informer et de vous rediriger vers un autre praticien.

Il doit également remplir ses “devoirs d’humanité”, c’est-à-dire qu’il doit rester attentif à votre état de santé, ne pas vous mettre en danger, etc. 

Quels sont les recours juridiques en cas de refus de soin ?

 

Quel est l’impact du refus de soins sur le soignant ?

En cas de refus de soin illégitime, le soignant s’expose à une sanction ordinale. 

De surcroît, le patient qui refuse un soin ne pourra engager la responsabilité du soignant. 

 

Dans quelles conditions un tribunal peut-il autoriser un soignant à passer outre le refus de soin du patient ?

La jurisprudence autorise les médecins à passer outre le refus de soin du patient en cas de danger immédiat pour la santé du patient, dans les conditions suivantes : 

  • le médecin doit avoir cherché à obtenir le consentement du patient ;
  • le patient doit être en situation d’urgence médicale ;
  • le pronostic vital du patient doit être engagé ;
  • il ne doit pas y avoir d’alternative thérapeutique. 

 

Comment porter plainte pour refus de soin par un médecin ?

Dans la situation où vous avez fait face à un refus de soin par un médecin que vous estimez illégitime, vous avez la possibilité de contester ce refus de soin et d’obtenir une sanction à l’égard du médecin fautif. 

Vous pourrez saisir le dirigeant de l’organisme local d’assurance maladie ou du conseil de l’ordre professionnel afin d’obtenir une sanction à l’encontre du médecin fautif. Une commission mixte sera alors chargée d’engager une procédure de conciliation. 

Enfin, dans le cas où la procédure de conciliation n’aboutirait pas, la plainte sera transmise à la juridiction ordinale compétente. 

Bon à savoir : ces procédures peuvent s’avérer complexes, vous pouvez vous faire accompagner par un professionnel qui saura vous conseiller. 

Mise en ligne : 15 juin 2021

Rédacteur : Mélodie André, Master 1 Droit international à l’Université Paris 2 Panthéon Assas. Sous la direction de Maître Amélie Robine, Avocat au Barreau de Paris et Docteur en Droit.

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