Responsabilité pénale du médecin : tout savoir en 5 min

Comment engager la responsabilité pénale du médecin ?

Le risque zéro, en matière médicale, n’existe pas. Ainsi, un médecin peut commettre une infraction, et comme toute autre personne physique, il sera confronté aux mêmes sanctions pénales. 

Dans ce contexte, il sera possible de rechercher sa responsabilité pénale

Vous ou l’un de vos proches avez été victime d’une faute commise par un médecin et vous désirez en savoir davantage ? Cet article est fait pour vous. 

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Quand peut-on engager la responsabilité pénale du médecin ? 

Les conséquences de certains actes de prévention, de diagnostic ou de soins sont susceptibles de recevoir une qualification pénale.

Ainsi, la responsabilité pénale peut être recherchée et peut être retenue par les juridictions pénales

La responsabilité pénale est admise à l’égard des professionnels de santé et des établissements, services et organismes de santé. 

Pour pouvoir engager la responsabilité pénale du médecin, il faut réunir 3 éléments

  • une faute ;
  • le décès ou les blessures du patient ;
  • un lien entre la faute et le dommage.

Si vous remplissez ces 3 conditions, vous pouvez estimer être une victime et vous pouvez donc engager la responsabilité pénale du médecin

Il faut comprendre qu’un  médecin doit assumer la responsabilité de ses décisions et de ses actes. Il ne peut endosser la responsabilité des décisions et des actes pris par un autre médecin lors d’une intervention collective. 

En effet, les interventions médicales sont de plus en plus pratiquées collectivement.

Si vous êtes victime d’une faute lors de ces interventions, il est convenu de rechercher quel médecin a commis la faute et doit être déclaré pénalement responsable : ce qui est souvent difficile à rechercher. 

Toutefois, il vous sera tout de même possible d’engager la responsabilité pénale du médecin malgré une intervention collective fautive où vous ne savez pas lequel des médecins est responsable. 

Bien que la responsabilité pénale d’un médecin ne peut être engagée du fait d’actes commis par un autre professionnel de santé, il est possible de cumuler les responsabilités pénales médicales ou encore de répartir les responsabilités pénales entre les professionnels de santé. 

Par exemple, il a déjà été affirmé par la Cour de Cassation, que « l’existence d’une faute relevée à l’encontre du médecin anesthésiste n’exclut pas nécessairement l’éventualité de celle du chirurgien auquel a été confiée l’intervention« . 

Quels sont les types de faute en matière médicale ? 

Une faute médicale est considérée comme « tout acte, émanant du soignant, ayant entraîné un dommage anormal au regard de l’évolution prévisible de l’état de santé du patient« . 

Bon à savoir : il est possible d’engager la responsabilité pénale du médecin, que la faute ait été intentionnelle ou non. En effet, l’article 319 du Code Pénal, réprimant l’homicide involontaire, s’applique maintenant à toutes les professions : notamment aux médecins. 

Il existe plusieurs types de fautes médicales : 

  • Atteintes volontaires à l’intégrité de la personne (art 221-6, art 222-19, art 222-20 CP) ;
  • Fautes  lors de réalisation d’interventions alors que l’état de santé du patient ne nécessite pas ( qualifiées de violences volontaires) ; 
  • Assistance apportée à un patient voulant mettre fin à ses jours (considérée comme un homicide volontaire ou un meurtre) ; 
  • Omission de porter secours (délits) ; 
  • Faute d’information (Article L1111-2 du Code de la Santé Publique) ; 
  • Manquement à l’obligation de recueillir le consentement du patient (Article L1111-4 du Code de la Santé Publique) ; 
  • Faute de diagnostic ; 
  • Violation du secret professionnel (art 226-13 et art 226-14 du Code Pénal ).

Comment rapporter la preuve d’une faute médicale ? 

En application de l’article L1142-1 du Code de la Santé Publique, les professionnels de santé sont responsables des conséquences dommageables d’actes de prévention, de diagnostic ou de soins qu’en cas de faute.  

Si vous vous trouvez dans une des situations énoncées précédemment, il vous sera alors demandé de rapporter la preuve du préjudice subi (corporel, moral, etc).

Les professionnels de santé ne peuvent prendre l’engagement de guérir les patients ou encore de garantir le résultat d’un traitement. Ils ne sont tenus que d’une obligation de moyens

Autrement dit, l’échec d’un traitement, l’absence de guérison ou même la dégradation de l’état de santé du patient, ne sont pas constitutifs d’une faute. 

Bon à savoir : il ne vous est pas demandé de chiffrer le préjudice que vous avez subi, juste d’en rapporter la preuve de celui-ci. La valeur du préjudice pourra être déterminée à l’issue d’une demande d’expertise médicale. 

Quelle est la procédure à suivre pour engager la responsabilité pénale du médecin ? 

Si vous estimez être victime d’une faute médicale et que vous souhaitez engager la responsabilité pénale du médecin, vous pouvez déposer plainte

La plainte est le plus souvent déposée auprès du commissariat de police ou de la brigade de gendarmerie. 

Toutefois, il est possible de porter plainte directement auprès du Procureur de la République, représentant du Ministère Public

Il faudra envoyer votre requête au greffe du Tribunal Judiciaire du lieu de l’infraction en respectant un certain nombre de mentions (état civil, nom de l’auteur, adresse, etc.)

Bon à savoir : le procureur de la République peut se saisir d’office de l’affaire quand il en a connaissance. Si vous avez déposé plainte directement auprès du Procureur de la République et que celui-ci n’a donné aucune suite à votre plainte, vous pouvez saisir le juge d’instruction. 

Après avoir déposé plainte, vous pouvez être convoqué par le juge d’instruction qui s’occupera de l’affaire. Il pourra, s’il le souhaite, confronter les parties ou même désigner des experts médicaux. 

Les juridictions seront différentes en fonction du secteur professionnel du médecin :

  • Si la faute a été commise par un médecin du secteur privé : il faudra vous rapprocher auprès du Tribunal Judiciaire
  • Si la faute a été commise par un médecin du secteur public : il faudra vous rapprocher auprès du Tribunal Administratif. 

Bon à savoir : lorsque vous souhaitez engager la responsabilité pénale du médecin, vous devez automatiquement saisir la juridiction pénale. Toutefois, afin d’être indemnisé, vous devez vous constituer partie civile devant la juridiction pénale.

Si vous souhaitez agir en justice car vous vous considérer victime d’une faute médicale, vous disposez d’un délai de : 

  • 10 ans pour les crimes ; 
  • 3 ans pour les délits ; 
  • 1 an pour les contraventions. 

Le délai de prescription commence au jour où les faits ont été commis. 

Bon à savoir : l’assistance d’un avocat dans le cadre d’une procédure judiciaire peut être judicieuse afin d’augmenter vos chances de succès. 

Quelles sont les sanctions encourues ? 

En application de l’article L. 4124-6 du Code de la Santé Publique, les sanctions disciplinaires applicables aux médecins peuvent être : 

  • l’avertissement ;
  • le blâme ;
  • l’interdiction temporaire d’exercer avec ou sans sursis ;
  • la radiation du tableau, etc.

Suivant l’infraction commise, le Code Pénal prévoit différentes sanctions : 

 

        Peines Criminelles   Peines Correctionnelles  Peines Contraventionnelles 
Peines principales :

  • Réclusion Criminelles à perpétuité (10 ans minimum) ;
  • Emprisonnement. 

Peines pécuniaires :

  • Amendes.
Peines principales :

  • Emprisonnement ;
  • Amende. 
Peines alternatives à l’emprisonnement (privatives de liberté) :  

  • interdiction d’exercice de ses fonctions pour une durée de 5 ans (article 131-6-11e du Code Pénal)

Bon à savoir : des peines complémentaires peuvent s’ajouter telles qu’une interdiction de séjour et de territoire pour le médecin fautif, la fermeture de l’établissement, la confiscation.

Mise en ligne : 16 juin 2021

Rédacteur : Hooriyyah Deljoor, Diplômée de l’Université Jean-Moulin, Lyon 3. Sous la direction de Maître Elias Bourran, Avocat au Barreau de Paris et Docteur en Droit.

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