Création d'une SARL : comment ça marche ?

La création d’une SARL : conditions et formalités

Le nombre de créations de SARL a explosé ces dernières années. La société à responsabilité limitée (SARL) est aujourd’hui la forme sociale la plus répandue en France.

Il s’agit de la forme la plus adaptée pour l’exploitation des PME à caractère familial, mais est parfois aussi choisie par les grandes firmes internationales comme Google France.

Sa nature juridique est à mi-chemin entre une société de personnes et une société de capitaux.

Cependant, la liberté contractuelle apparaît bien plus restreinte que celle des SAS, ce qui explique sa légère baisse d’attractivité.

Voici une explication claire de la SARL et des formalités à réaliser pour créer une SARL.

Avocats en droit des affaires, nous pouvons vous accompagner tout au long des différentes étapes juridiques de la création de votre SARL.

Quelles sont les conditions pour créer une SARL ?

L’objet social

En principe, la désignation de l’objet social est libre dans une SARL : toute activité économique, civile ou commerciale est valable. Cependant, certains secteurs de l’économie sont refusés à ce type d’entreprise : l’assurance, les bureaux de tabac, l’épargne, et la capitalisation.

La SARL exclut également l’exercice de professions libérales. Si vous êtes dans ce cas, vous pouvez néanmoins choisir de créer une Société d’exercice libéral à responsabilité limitée qui est son équivalent.

 

Les associés

Dans une SARL, un associé peut être une personne physique ou morale.

Vous pouvez avoir entre 2 et 100 associés dans votre société. Si vous êtes l’associé unique, vous êtes à la tête d’une EURL et pas d’une SARL.

Si le nombre d’associés dépasse la limite fixée, votre SARL sera dissoute au terme d’un délai d’un an.

Si vous voulez éviter la dissolution de votre entreprise, vous devez régulariser sa situation, c’est-à-dire soit réduire le nombre d’associés à la limite de 100, soit la faire évoluer en une autre forme sociale.

Quels apports pour créer une SARL ?

Les statuts fixent librement le montant du capital social de l’entreprise à la création de celle-ci. Ce montant correspond à la somme des apports en numéraire (apport d’un bien, par exemple d’un immeuble) et en nature (apport d’une somme d’argent) réalisés par les associés.

Vous pouvez insérer dans les statuts une clause de variabilité du capital. Cette clause évite de modifier les statuts en cas d’augmentation ou de baisse du capital.

 

Apports en numéraire

Si un ou plusieurs associés réalisent des apports en numéraire, plus de 20% des parts sociales correspondant aux apports doivent être libérés immédiatement. Le solde doit être libéré dans les cinq ans à compter de l’immatriculation de votre société.

Attention : Une libération intégrale du capital social est nécessaire avant toute nouvelle souscription de parts en numéraire sous peine de nullité.

De plus, tout retrait de fonds n’est possible qu’après l’immatriculation de votre société et nécessite le certificat du greffier garantissant l’immatriculation (le K bis).

 

Apports en nature

Si un ou plusieurs associés réalisent des apports en nature, ceux-ci doivent faire l’objet d’une évaluation. Elle doit impérativement apparaître dans les statuts.

De plus, un commissaire aux apports, désigné par les associés à l’unanimité ou par le président du tribunal du commerce à défaut doit établir un rapport sur l’évaluation. Les statuts doivent également contenir ce rapport.

Deux situations, si elles sont acceptées à l’unanimité par les associés, excluent le recours à un commissaire aux comptes :

  • Si la SARL est en réalité une EURL et que l’associé unique apporte un élément de son activité professionnelle antérieure ;
  • Si aucun apport en nature n’est supérieur à 30 000€ et si leur somme est inférieure à la moitié du capital de la société.

Attention : Si aucun commissaire aux apports n’a été désigné ou si la valeur proposée par l’expert n’est pas retenue par les associés, ceux-ci deviennent solidairement responsables à l’égard des tiers de la valeur associée aux apports en nature réalisés.

Cette responsabilité peut être seulement engagée pendant 5 ans à compter de l’évaluation.

Toute majoration frauduleuse des apports en nature peut entraîner une peine pénale allant jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 375 000€ d’amende.

Les modalités des apports en industrie sont quant à elles entièrement déterminées par les statuts.

Quelles étapes pour créer une SARL ?

Étape n°1 : Rédaction des statuts

Les statuts de votre société doivent être rédigés. Ils doivent indiquer plusieurs éléments essentiels de votre société : sa forme, sa dénomination sociale, sa durée, son objet social, son siège, l’évaluation des apports en nature ainsi que l’annexe rédigée par le commissaire aux comptes si elle existe, et enfin la répartition des parts sociales des associés.

 

Étape n°2 : Signature des statuts

Les statuts doivent ensuite être signés par tous les associés. Chaque associé récupère alors un exemplaire.

 

Étape n°3: Remplir les formalités de publicité

Vous devez remplir deux formalités de publicité afin de créer votre société :

  • L’insertion d’un avis dans un journal d’annonces légales. Cet avis mentionne les éléments essentiels de la société ;
  • Le dépôt d’un dossier d’immatriculation auprès d’un centre de formalités des entreprises (CFE).

La deuxième étape peut s’effectuer par le passage dans un centre CFE ou par voie électronique au guichet de création d’entreprises dans lequel le déclarant remplit une liasse unique.

Après le contrôle formel de cette liasse, le centre l’envoie aux organismes intéressés : au greffe du tribunal de commerce, à l’INSEE pour l’inscription sur le répertoire national des entreprises et afin de recevoir un numéro SIREN, à l’administration fiscale et enfin aux organismes sociaux (URSSAF, caisses de retraite, Pôle emploi).

La société dispose alors d’une mention témoignant qu’elle est « en attente d’immatriculation » ce qui permet d’accomplir des actes au nom de la société.

Le greffier contrôle le dossier puis effectue l’immatriculation de la société et l’insertion d’un avis au Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (BODACC).

Création d’une SARL: quelles sont les règles de fonctionnement ?

Associés de la SARL

La qualité d’associé confère les droits politiques, financiers et patrimoniaux.

  • Droit de vote Tout associé dispose d’une quantité de voix égale à celle de ses parts sociales. Aucune disposition ne peut déroger à cette règle dans une SARL. Les décisions arrêtées par la collectivité des associés sont prises en principe lors de la réunion de l’assemblée générale. Les statuts peuvent prévoir que certaines décisions soient prises sur consultation écrite ou encore par signature d’un acte unanime ;
  • Droit à l’information : Une information permanente est due aux associés concernant notamment l’état des comptes annuels, des rapports et des PV d’assemblées. Mais les associés doivent aussi être informés de la tenue de toutes les assemblées. Vos associés ont également le droit de vous poser des questions écrites.
  • Les droits financiers des associés : Les associés ont droit aux dividendes, aux réserves et au boni de liquidation. Si ces droits sont en principe également égaux, rien n’exclut la création de certains privilèges sur les parts sociales.
  • Les droits patrimoniaux des associés : Toute cession de droits sociaux doit être constatée par écrit et portée officiellement à la connaissance de la société. La cession doit également être enregistrée : cette étape entraîne l’exigibilité d’un droit de 3% pour le cessionnaire.

 

Le statut du gérant de SARL

En tant que gérant, vous représentez légalement la SARL. Vous êtes donc en charge de la gestion de la société et prenez les décisions allant dans l’intérêt de la société. Le statut de gérant d’une SARL exclut les personnes morales.

La nomination

Le gérant d’une SARL est nominé par ses associés. Si vous voulez être gérant d’une SARL, vous ne devez pas être frappé d’une interdiction d’exercer le métier de commerçant. Sauf clause statutaire contraire, vous êtes nommé pour la durée de votre société. L’arrivée à terme de la durée de la société ne vous ouvre aucun droit à un renouvellement.

Révocation

Vous pouvez être révoqué par vos associés. Sauf stipulation contraire, présente dans les statuts, les associés doivent avoir la majorité absolue sur première convocation et majorité simple sur seconde convocation.

Cependant, vous pouvez obtenir des dommages et intérêts si votre révocation a lieu sans juste motif. En cas de révocation brutale ou injurieuse, vous pouvez également invoquer les circonstances dans lesquelles est intervenue la révocation pour obtenir réparation.

Vous pouvez être révoqué par décision de justice sur demande de n’importe quel associé pour cause légitime. Une cause légitime se caractérise par la violation de l’intérêt social de la société et ne nécessite pas d’intention de votre part pour être établie.

Si la révocation judiciaire se produit, vous conservez vos pouvoirs jusqu’à la notification de la décision. Un mandataire ad hoc sera ensuite désigné afin d’organiser l’assemblée chargée de vous remplacer.

Rémunération

Aucun texte n’évoque la rémunération du gérant d’une SARL. Il vous est cependant déconseillé de fixer le montant de votre rémunération dans les statuts, car toute modification nécessitera l’accord des associés. Une résolution d’assemblée est cependant souvent requise pour fixer la rémunération.

L’engagement de la responsabilité du gérant

En matière de responsabilités civile, pénale et fiscale, le gérant de SARL encourt les mêmes responsabilités que les dirigeants de SA.

En tant que gérant, vous engagez donc votre responsabilité civile de plusieurs façons :

  • De façon exceptionnelle envers les tiers si vous commettez une faute détachable de vos fonctions qui leur cause un dommage ;
  • De façon ordinaire envers la société et les associés si vous commettez des infractions aux dispositions législatives et réglementaires, une faute de gestion et si vous violez les statuts ;
  • De façon aggravée en cas de procédure collective ouverte contre la société.

Vous pouvez également engager votre responsabilité pénale. Les deux infractions les plus répandues sont l’abus de biens sociaux, de pouvoir, de crédit ou de voix et la présentation frauduleuse des comptes annuels.

Pour ces délits, vous vous exposez à une peine d’emprisonnement de cinq ans et une amende de 375 000€.

Quels sont les avantages et inconvénients de la création d’une SARL ?

Les avantages d’une SARL

  • Un formalisme plus léger que dans une SA ;
  • Un recours non systématique au commissaire aux comptes ;
  • Aucun capital minimal à fournir dès la création ;
  • Les associés n’ont pas la qualification de commerçants ;
  • La responsabilité des associés engagée à la hauteur de leurs apports seulement ;
  • Un régime fiscal des dirigeants assimilé à celui des salariés.

 

Les inconvénients

  • L’interdiction d’émettre des actions et de faire appel à l’épargne publique ;
  • Rigidité administrative dans la création de la société et la cession de ses parts sociales.

Si vous souhaitez créer votre SARL, le Cabinet Beaubourg Avocats peut s’occuper de toutes vos formalités juridiques et vous accompagner dans vos démarches.

Mise en ligne : 22 juin 2020

Rédacteur : Sophie HERLAUT, HEC Paris. Sous la direction de Maître Elias BOURRAN Avocat au Barreau de Paris et Docteur en Droit.

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