Quels sont les critères de validité de la clause de non concurrence ?
La validité de la clause de non-concurrence repose sur le fait de satisfaire un certain nombre de critères cumulatifs.
Quelque soit son support (contrat de travail, pacte d’associés, statuts) la clause doit impérativement protéger à la fois les intérêts légitimes de l’entreprise et les intérêts de la personne contre laquelle elle à vocation à s’appliquer.
Elle ne doit en effet pas le priver de travailler à nouveau. La clause de non-concurrence peut faire l’objet de plusieurs limitations.
Limitation de la clause dans le temps
La limitation de la clause dans le temps signifie que la clause doit être précise sur la durée de l’interdiction d’entrer en concurrence.
Cette durée ne doit pas être excessive. Le caractère excessif est apprécié par rapport aux spécificités de l’emploi du salarié.
La jurisprudence considère ainsi qu’une clause qui s’appliquerait au-delà de 5 ans est illicite. A l’inverse, une clause qui applicable 18 mois est valable.
Limitation de la clause dans l’espace
La zone géographique dans laquelle le salarié ne peut pas exercer doit être déterminée par la clause et s’appliquer à un espace raisonnable et précis.
La clause ne peut pas viser une zone géographique trop vaste. Elle vise le plus souvent la zone où le salarié a travaillé pour son employeur ou les départements limitrophes.
Le juge devra analyser au cas par cas si la délimitation de la clause dans l’espace est justifiée.
A ce titre, la jurisprudence a pu décider qu’une clause de non-concurrence s’appliquant à l’ensemble du territoire français est valable pourvu que l’ancien salarié puisse continuer à exercer une activité professionnelle.
Limitation de la clause à une activité spécifiquement visée
La clause de non-concurrence doit spécifier l’activité visée ou la fonction à laquelle elle s’applique.
Par exemple, la clause de non-concurrence peut viser l’activité de fleuriste ou de coiffeur.
Limitation de la clause en échange d’une indemnité compensatrice
La clause de non-concurrence ne sera pas valable si elle ne fait pas l’objet d’une contrepartie financière.
La contrepartie financière est due dès lors que la clause est applicable, et ce quel que soit le mode de rupture du contrat. Ainsi, il obtiendra l’indemnité compensatrice même s’il démissionne ou s’il est licencié pour faute grave.
Cette contrepartie peut prendre la forme d’un capital ou d’une rente et doit être versée après la rupture du contrat de travail, et non pendant son exécution. L’employeur devra veiller à verser une indemnité raisonnable qui sera fixée avec le salarié. Si celle-ci est dérisoire, les magistrats estimeront qu’il n’y a pas de réelle contrepartie financière et invalideront la clause.
A ce titre, la Cour de cassation a décidé que la contrepartie financière prévue au contrat qui ne s’élevait qu’à l’équivalent de 2,4 mois de salaire pour une durée d’exécution de la clause de non-concurrence de 24 mois était dérisoire, eu égard aux importantes restrictions auxquelles était soumis le salarié, disproportionnées par rapport à l’indemnité mensuelle qui devait en être la contrepartie.
Limitation de la clause pour assurer la protection des intérêts légitimes de la société
La clause de non-concurrence doit se montrer indispensable pour assurer la protection des intérêts de l’entreprise.
Elle doit donc être justifiée par un risque de dommage réel tels que par exemple :
- L’utilisation d’un savoir-faire qui lui est propre ;
- L’accès à des informations sensibles ;
- Le contact avec la clientèle ;
- La transmission d’un secret de fabrication.
Cette condition est sans doute la plus difficile à appréhender dans la mesure où il faut apprécier la nécessité de la clause au regard de l’entreprise d’abord, puis du poste concerné ensuite.
En pratique, il ne sera pas possible de prévoir une clause de non concurrence dans un contrat de travail afférent à un poste de caissier en grande surface par exemple. Il sera difficile de démontrer en quoi une telle fonction exercée dans une entreprise concurrente risquerait de nuire aux intérêts de l’entreprise.
Le respect de ces critères étant nécessaire pour assurer la validité de la clause de non-concurrence, il peut être judicieux de se rapprocher d’un avocat pour en vérifier la validité. En effet, même de bonne foi, une formulation trop vague, un oubli ou une inexactitude pourront entraîner sa nullité. Une clause de non concurrence abusive pourrait même être caractérisée.
Sachez qu’il est également possible de contourner les effets d’une clause de non concurrence.