Tokenomics : définition et fonctionnement

Tokenomics : qu’est-ce que c’est ?

 

Tokenomics : de quoi parle-t-on ? D’aucuns s’accordent sur le fait que le marché des cryptomonnaies offre de nombreuses perspectives de développement et de rendement conséquent. Toutefois, la faible régulation des cryptomonnaies laisse place à de nombreux projets sans valeur ou ayant pour unique but de réaliser des exit scams (voir notre article sur les arnaques en cryptomonnaies).

Pour lutter contre cela, plusieurs outils d’analyse qu’il incombe aux porteurs de projet de fournir aux investisseurs ont été développés. Parmi eux, le white paper, le document d’information synthétique (DIS) ou encore le prospectus. Ces derniers ont pour principal objectif de s’assurer du caractère sérieux du projet. Plus encore, d’autres outils permettent d’estimer le potentiel à long terme d’une cryptomonnaie grâce à l’analyse de la tokenomic.

Réussir sa tokenomic suppose de bien comprendre les fondamentaux d’un marché. Il s’agit ainsi de bien identifier l’utilité du produit concerné, la quantité offerte et la demande qui en est faite. En effet, c’est l’analyse du rapport permanent qu’entretiennent ces trois facteurs entre eux qui permettront d’analyser avec le plus de justesse possible l’avenir d’un crypto-actif.

Qu’est-ce que la tokenomic ? Que permet-elle ? Quels sont les différents modèles de la tokenomic ? C’est à ces questions que nous allons répondre.

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Qu’est-ce que la tokenomic ?

 

Le terme « tokenomic » est la contraction des mots « token » et « economic ». En français, cette expression se traduit par « l’économie des jetons ».

Concrètement, les tokenomics représentent les systèmes de contrôle et d’encadrement des projets liés aux cryptomonnaies.

Naturellement, le prix d’un actif résulte du rapport entre l’offre et la demande à un moment donné sur un marché. Si la demande est supérieure à l’offre, le prix augmente. Dans le cas contraire, le prix diminue.

Le marché des cryptomonnaies étant extrêmement volatil, tout l’enjeu est d’éviter un déséquilibre trop conséquent entre l’offre et la demande.

La tokenomic poursuit précisément cet objectif en régissant l’écosystème d’un projet de cryptomonnaies et la blockchain sur laquelle il repose en déterminant les conditions dans lesquelles les tokens vont être offerts, et les cas d’usages qu’ils permettent.

De ce fait, les investisseurs peuvent être en mesure d’estimer le potentiel du jeton qu’ils s’apprêtent à acquérir.

Quelles sont les éléments constitutifs de la tokenomic ?

 

La supply

La circulating supply (offre circulante en français) représente la part de token circulant sur le marché à un moment donné. Ne sont donc pas considérés comme circulant, les tokens qui sont stakés ou bloqués. Schématiquement, la circulating supply correspond à :

Tokens créés au moment T – (Tokens stakés + Tokens bloqués) = Circulating supply

La total supply (offre totale en français) représente la part de l’ensemble des tokens créés au moment T, réduite du nombre de tokens brûlés. La total supply se calcul alors comme suit :

Tokens créés au moment T – Tokens brûlés = Total supply

Bon à savoir : le burn de tokens (brûlage de tokens en français) consiste en la destruction de tokens. Cette pratique intervient en général pour réguler le marché, notamment lorsqu’une trop grande quantité de tokens circule ou qu’un utilisateur a commis une erreur. Le burn peut être prévu à l’avance, en conditionnant son exécution à la satisfaction de certains critères. Le burn peut également être prévu dans le cadre de l’achat d’un produit par un utilisateur grâce à ses tokens (une fraction du prix est brûlée après l’achat). Enfin, le burn peut être décidé a posteriori, sur décision de l’émetteur.

La max supply (offre maximale en français) correspond au nombre maximum de tokens qui sera émis lorsque le protocole prévoit un nombre limité d’unités.

 

Le market cap et la Fully Diluted Market Cap

Le market cap correspond à la capitalisation de marché d’une cryptomonnaie. Autrement dit, il s’agit de la quantité de cryptomonnaie utilisable dans un écosystème à un moment donné. Le market cap s’obtient par le produit de la circulating supply et du prix du token, soit la formule suivante :

Circulating supply x Prix du token = Market cap

La Fully Diluted Market Cap correspond, quant à elle, à la capitalisation totale d’une cryptomonnaie. Elle s’obtient en effectuant le produit de la Max supply par le prix du token, soit :

Max supply x Prix du token = Fully Diluted Market Cap

Quels sont les effets de la tokenomic sur les crypto actifs ?

 

La tokenomic permet de lutter contre l’inflation d’une cryptomonnaie. L’inflation est une perte du pouvoir d’achat d’une monnaie qui se traduit par une hausse durable et générale des prix. Autrement dit, elle correspond au phénomène par lequel une monnaie perd de sa valeur.

L’une des principales causes de l’inflation est la création excessive de monnaie. En effet, puisqu’une trop grande quantité de monnaie circule, sa valeur est moindre et les prix augmentent afin de compenser la dépréciation de l’actif.

Contrôler l’inflation d’une cryptomonnaie permet donc de stabiliser son cours et lui faire conserver son pouvoir d’achat, ce qui renforce la confiance des investisseurs.

Pour cela, il convient de contrôler la quantité de jetons à émettre. Plusieurs modèles existent pour parvenir à atteindre cet objectif.

Quels sont les modèles de tokenomic ?

 

Le modèle désinflationniste de l’émission en quantité limitée

Lorsque l’émission d’une cryptomonnaie est en quantité limitée, celle-ci s’effectue progressivement jusqu’à atteindre la maximum supply, c’est-à-dire le nombre total de jetons prévu.

Or, au fil du temps, l’émission de jetons est moindre pour éviter l’inflation, c’est la raison pour laquelle on parle de modèle désinflationniste. Ce modèle est utilisé par des cryptomonnaies très populaires telles que le bitcoin ou encore le SOL (monnaie native de la blockchain Solana).

Bon à savoir : il convient de ne pas confondre la déflation et la désinflation. La première exprime l’idée de baisse durable et généralisée des prix (ou cours du token) et la seconde exprime l’idée de la diminution du taux d’inflation (c’est-à-dire un ralentissement du rythme d’inflation).

 

Le modèle d’inflation contrôlée

Ce modèle est utilisé par les blockchains dont la quantité de jetons émis n’est pas limitée (Ethereum par exemple).

Par le biais de mises à jour du réseau, la quantité de jetons émis peut être régulée. Ces mises à jour peuvent notamment prévoir de :

  • Modifier le taux annuel d’émission de jetons. Passer de la preuve de travail (Proof of Work) à la preuve d’enjeu (Proof of Stake) peut notamment permettre de réduire ce taux.
  • Mettre en place un système de « burn ». Ce mécanisme est notamment utilisé par Binance pour sa cryptomonnaie BNB. Les frais de transactions supposés être reversés aux validateurs sont détruits. Ainsi, le but du burn est véritablement de limiter la baisse du cours du token en réduisant le nombre de token présent dans la pool de liquidité.

 

Le vesting

Les tokens acquis de manière anticipée tels que ceux obtenus par les investisseurs lors de levées de fonds en cryptomonnaies font couramment l’objet d’une période de blocage : c’est ce qu’on appelle le vesting.

Cela est prévu pour éviter que ces investisseurs qui ont acquis un token avant sa valorisation ne décident de vendre immédiatement et massivement les actifs une fois listés sur les plateformes d’échange afin de réaliser une plus-value importante. Une telle pratique causerait l’effondrement du cours du token. Au risque de devoir se répéter, c’est dans le but d’éviter cette situation qu’est mis en place le vesting.

Un calendrier de déblocage est donc généralement mis en place pour contrôler l’arrivée de ces tokens sur le marché.

Les leveurs de fonds en cryptomonnaies (effectuant une ICO, IDO, IEO, etc.) devront donc porter une attention particulière à leur tokenomic afin de déterminer la stratégie adéquate de valorisation de leur token.

 

Pour aller plus loin: 

Mise en ligne : 22 novembre 2022

Rédacteur : Rayan Benfedda, Diplômé du Master I Droit des affaires de l’Université Paris X. Sous la direction de Maître Elias BOURRAN, Avocat au Barreau de Paris et Docteur en Droit.

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