Le consentement des associés : comprendre l'essentiel

Le consentement des associés : tout savoir 

Le consentement est la rencontre de deux ou plusieurs volontés en vue de créer des effets de droit. En droit des obligations, c’est une condition essentielle de validité de tout contrat. Le droit des sociétés et le droit des affaires n’échappent pas au principe de consentement des associés

De sa formation à sa liquidation, tout au long de la vie de la société, les associés sont obligés d’accorder leurs volontés. 

Inversement, si les associés n’apportent pas leur consentement, tout acte de la société qui le requiert sera nul d’effets juridiques. 

Dans ce contexte, il est important pour toute partie prenante de l’entreprise de comprendre comment le droit encadre le consentement de ceux qui se sont associés pour sa réalisation. 

Vous souhaitez savoir quels actes nécessitent le consentement des associés, et quels vices sont susceptibles de l’altérer ? Cet article est fait pour vous. 

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Pourquoi le consentement des associés est-il important ? 

Pour la formation de la société 

Avec la formulation d’un objet social licite et la contribution aux économies et aux pertes de l’entreprise, le consentement des associés est une condition de formation de la société. 

En effet, la société est conçue comme un contrat, et soumise au moment de sa formation aux dispositions de l’article 1128 du Code Civil. C’est ce contrat qui va régir les rapports entre associés. C’est pourquoi il est important que les futurs associés y consentent. 

En d’autres termes, les futurs associés, au moment de fonder leur société, négocient et s’accordent sur le but de l’entreprise, et sur les moyens qu’ils vont apporter pour l’atteindre. Le consentement des associés est alors acquis par signature des statuts

Bon à savoir : le consentement des associés sera également nécessaire pour toutes les clauses prévues par la suite dans le pacte d’associés.

 

Pour les décisions importantes 

Les associés étant directement liés à la vie de la société, leur consentement est requis pour toutes les décisions qui importent dans sa vie juridique. 

La fondation de la société, naturellement, est l’une d’entre elles. L’approbation des comptes annuels, la nomination d’un nouveau dirigeant, ou la modification des statuts sont autant d’autres décisions importantes dans la vie de la société. 

Bon à savoir : ces décisions importantes peuvent être plus nombreuses dans la pratique. Le principe en la matière est que les statuts les définissent, conformément à ce que la loi permet à chaque forme de société.  

 

Quelles modalités d’expression du consentement des associés ? 

En plus des décisions importantes, les statuts définissent la manière dont les associés peuvent se prononcer à leur égard. La plupart du temps, c’est par le biais de l’Assemblée Générale (AG) de la société que les associés expriment leurs volontés, et essaient de les accorder. Le même procédé existe parfois sous la forme d’une consultation écrite

Néanmoins, il arrive que les statuts permettent l’expression du “consentement unanime des associés dans un acte”. C’est un procédé moins lourd et plus rapide dès lors que les associés sont a priori d’accord. 

Bon à savoir : la nature de l’acte (rédigé, oral, notarié ou non) est précisée par la jurisprudence. En 2012 par exemple, le juge a considéré qu’une déclaration fiscale ne pouvait servir à exprimer le consentement des associés.  

Attention toutefois, cette modalité n’est pas ouverte à toutes les formes de société. 

La loi régule la capacité des sociétés à réunir le consentement unanime des associés dans un acte. Le Code civil à son article 1854 autorise indifféremment toutes les sociétés civilesEn revanche, le Code de commerce autorise uniquement certaines formes de sociétés commerciales à recourir à ce procédé, encadre sa mise en œuvre et la restreint parfois à certaines décisions importantes.

Quels vices peuvent altérer le consentement des associés ? 

Les trois vices communs du consentement 

En droit français, le consentement d’une partie doit nécessairement être libre et éclairé

 

La violence 

Dans ce contexte, toute manœuvre qui forcerait l’associé à consentir, par la menace physique ou morale, entacherait du vice de violence son consentement, en le privant de liberté. 

Dans les relations d’affaires, “l’abus de dépendance” est une forme de violence économique et commerciale de plus en plus caractérisée. Elle consiste pour son auteur à abuser de la position de dépendance professionnelle de la victime afin de lui imposer les termes d’un contrat. 

 

Le dol 

Le consentement de l’associé d’entreprise serait également vicié dans l’hypothèse où, sans violence, un autre associé ou un tiers l’aurait trompé à dessein, par mensonge ou par omission. C’est le deuxième vice du consentement, appelé dol

Le dol est rarement caractérisé car il implique de prouver chez un associé l’intention de tromper ses coassociés. En outre, dans les relations d’affaires, le fait de vanter et de “survendre” une entreprise est jugé légitime, et est admis dans le cadre de la négociation. C’est le “dolus bonus”. 

Attention toutefois : le dolus bonus connaît des limites en matière de négociation. Un associé se rendra coupable de dol au moment de la fondation d’une société s’il garantit à ses coassociés la viabilité économique d’une entreprise qui a peu de chances de succès. 

 

L’erreur 

Au-delà du dol, le consentement des associés n’est pas éclairé s’ils sont victimes d’erreur, s’ils se trompent d’eux-mêmes sur l’objet et la teneur de leur consentement. L’erreur est à ce titre le vice du consentement le plus répandu, y compris en droit des sociétés. Toutefois, l’erreur ne prend la qualité du vice qu’à partir du moment où elle est excusable et déterminante

Bon à savoir : en droit des sociétés, une erreur sera jugée déterminante si elle porte sur une qualité essentielle du contrat de société (sur l’objet social, ou sur la forme de la société par exemple) ou sur l’identité d’un coassocié. 

Il existe en revanche toute une diversité d’erreurs indifférentes dans le consentement des associés.En particulier, si un des associés fait une erreur dans la valorisation de la société qu’il rejoint, il est considéré que cette erreur n’a pas vicié son consentement à participer à la société. 

 

La simulation

En droit français, le consentement d’une partie doit également être sincèreBien entendu, s’il est vicié par la violence, le consentement de l’associé n’est pas sincère. C’est encore le cas s’il est simulé.

La simulation est une hypothèse particulièrement courante en droit des sociétés. Il s’agit pour un des associés de poursuivre derrière son engagement dans une société des objectifs personnels

C’est généralement le cas lorsque la société cache de manière illicite une opération d’une nature différente (donations familiales, contrat de travail), ou lorsqu’elle est fictive.

Bon à savoir : une autre hypothèse concerne celle du “prête-nom” : une personne simule sa qualité d’associé pour une autre personne dont il est mandataire. Cette simulation n’est pas toujours sanctionnée par les juges. 

Dans ces hypothèses, le consentement donné par les associés n’est qu’apparent, puisque l’objet du consentement est simulé. 

 

Quelles sont les conséquences juridiques d’un consentement vicié ? 

Considérant que la société est un nœud d’intérêts partagés, le droit exige que le consentement libre, éclairé et sincère de tous les associés soit réuni dans les cas indiqués ci-dessus. Si tel n’est pas le cas, la décision prise par les associés n’est pas valide. L’acte qui la traduit juridiquement est frappé de nullité

Bon à savoir : la nullité d’un acte juridique se distingue de sa caducité, de sa résiliation ou de sa résolution parce qu’elle est nécessairement rétroactive. Cela signifie en droit des sociétés que toutes les sommes engagées (apports en société, résultats) dans l’entreprise doivent être restituées, afin de remettre les associés dans un état semblable à celui préalable à leur consentement. 

Même s’il est minoritaire, un actionnaire peut en principe demander la nullité d’un contrat de société pour lequel son consentement a été vicié. Il peut également demander la nullité de l’acte réunissant le consentement de tous les associés pour une décision s’il considère que le sien a été vicié. 

Toutefois, étant donné les enjeux de la vie de la société et les coûts de leur nullité, les juges ont tendance à tempérer ce principe. 

D’une part, en matière de simulation, la sanction n’est pas toujours la nullité mais “l’inopposabilité de l’acte apparent”, c’est-à-dire l’impossibilité pour les simulateurs de se prévaloir de l’acte simulé devant les tiers. 

D’autre part, le juge a une tendance à sanctionner les vices d’ampleur, et à ménager les vices mineurs.  

Dans les SARL et les SA en particulier, il considère que le contrat de société doit être annulé uniquement si le consentement de tous les associés fondateurs a été vicié.

Mise en ligne : 29 juin 2021

RédacteurCharles DELIE, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Sous la direction de Maître Élias BOURRAN, Avocat au Barreau de Paris et Docteur en droit. 

 

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