Pacte d’associés : tout savoir en 5 min

Pacte d’associés : à quoi faut-il faire attention ?

Pour comprendre le fonctionnement d’un pacte d’associés, sa définition doit d’abord être bien établie. Le pacte d’associés permet aux associés à la fois d’organiser le contrôle de la conduite des affaires et d’établir la composition du capital de la société. Il est rédigé en parallèle des statuts, il s’agit donc d’un document distinct qui est dit extra statutaire.

En pratique, le pacte d’associés organise les mouvements de titres et le fonctionnement de l’entreprise.

L’objectif premier du pacte d’associés est de réguler les relations entre associés en définissant leurs pouvoirs et en garantissant leurs droits.

La rédaction d’un pacte d’associés est également essentielle lors de la mise en place d’une procédure de levée de fonds.

Il s’agit d’un document complexe à mettre en œuvre mais indispensable et nécessaire au bon fonctionnement d’une société et à l’établissement d’une relation de confiance entre les associés signataires.

Il peut être judicieux de vous faire assister d’un avocat lors de la rédaction d’un pacte d’associés.

Avocats en droit des affaires, nous pouvons vous accompagner en matière de pacte d’associés ainsi que dans le cadre de sa rédaction et des complexités afférentes à son exécution.

Qu’est-ce qu’un pacte d’associés ?

Le pacte d’associés (ou pacte d’associé), parfois appelé contrat d’associés, est un contrat par lequel les associés d’une société vont négocier et encadrer les droits et obligations qui vont administrer leurs relations. Il peut concerner la totalité des associés ou seulement certains d’entre eux.

Il permet également d’anticiper le règlement de conflits susceptibles de survenir au cours de la vie de la société. Cela peut être le cas lorsque de nouveaux associés entrent au capital de la société après avoir procédé à une levée de fonds.

Le pacte d’associés catégorise les actions, comme les parts sociales.

Il contient notamment des clauses relatives :

  • Au droit de votes des actionnaires ;
  • Une ou plusieurs clause de non-concurrence applicable à certains associés ;
  • Une clause régissant les modalités d’entrée d’un nouvel actionnaire.

Sachez que plusieurs dénominations existent, en effet vous pouvez rencontrer la notion de pacte d’associés ou celle de pacte d’actionnaires.

Quelle est la différence entre le pacte d’associés et le pacte d’actionnaires ?

Le pacte d’associés et le pacte d’actionnaires sont souvent confondus, car il s’agit du même type de contrat. Cependant, ils ne régissent pas les mêmes types de sociétés.

En effet, le pacte d’actionnaires régit les relations au sein des sociétés par actions notamment la société par actions simplifiée (pacte d’associés SAS ou pacte d’actionnaire SAS) ou dans la société à responsabilité limitée (pacte d’associés SARL).

Le pacte d’associés régit quant à lui les relations au sein des sociétés autres que les sociétés par actions : la société à responsabilité limitée (SARL), la société civile, la société en nom collectif et les autres formes de sociétés de personnes.

Cette différence étant comprise, il faut encore appréhender les avantages que représentent la rédaction d’un pacte d’associés.

Quels sont les avantages du pacte d’associés ?

La rédaction d’un pacte présente plusieurs avantages. Cet article vous expose les trois principaux.

 

Confidentialité

Le pacte d’associés est un document confidentiel, contrairement aux statuts de la société qui sont publics.

Connu seulement des associés qui le signent, il reste à l’abri du regard des concurrents.

En outre, le pacte d’associés ne lie que ses signataires, tandis que les statuts lient la totalité des associés.

 

La rédaction d’un avenant modificatif est possible

La modification du pacte est plus simple que celle des statuts dans le cas où les associés souhaitent changer certaines dispositions.

Elle requiert l’accord de toutes les parties, mais nécessite seulement la rédaction d’un avenant.

Les statuts, à l’inverse, peuvent être modifiés par un accord majoritaire des associés, mais la procédure à suivre est plus lourde.

 

Avantages fiscaux

Le pacte d’associés permet également d’obtenir des avantages fiscaux en cas de donation des titres, du vivant de l’associé ou suite à son décès.

Par exemple, il permet une exonération à hauteur de 75% des droits de donation ou de succession en cas de transmission des titres à titre gratuit aux descendants de son propriétaire.

Pour bénéficier des avantages que peut offrir le pacte d’associés, il faut que ce dernier soit parfaitement rédigé. Cela implique de réfléchir au préalable aux clauses que vous souhaitez introduire dans votre pacte d’associés.

Quelles sont les causes de rupture d’un pacte d’associés ?

Plusieurs causes peuvent engendrer la rupture du pacte d’associés. Il peut s’agir de :

  • La survenance de la date convenue par les signataires ;
  • La survenance de l’événement prévu par les signataires ;
  • La résiliation unilatérale par un des signataires lorsque la durée est indéterminée ;

Ou encore :

  • D’autres motifs qui devront être précisés dans le pacte tels que par exemple l’exclusion d’un associé.

En fonction des clauses que vous avez introduits dans votre pacte d’associés, plusieurs causes de rupture de ce dernier sont envisageables.

Quelles clauses peut-on prévoir dans le pacte d’associés ?

Comment rédiger un pacte d’associés ? Le pacte d’associés peut contenir plusieurs clauses, dont des clauses générales, des clauses relatives à la gestion de la société, ou des clauses sur l’actionnariat.

Voici quelques exemples de clauses présentes dans le pacte d’associés :

  • Les clauses relatives au droit de vote : elles peuvent prévoir par exemple la renonciation d’un associé à ses droits de vote pour une certaine durée, ou un droit de veto donné aux associés pour des décisions majeures ;
  • La clause prévoyant un droit d’information : elle offre la possibilité de prévoir un droit de consultation réservé à certains associés avant la prise de certaines décisions ;

Cette clause est particulièrement appréciée par les investisseurs qui souhaitent avoir un droit de regard sur les décisions prises par la société.

  • La clause de répartition des bénéfices : elle permet de prévoir que les actionnaires majoritaires s’engagent à verser aux minoritaires un montant de dividendes, afin de leur assurer une rémunération convenable à la fin de l’exercice social.
  • La clause de stabilisation des capitaux propres : à travers cette clause, certains associés vont s’engager à réapprovisionner la société en capitaux propres s’ils devenaient inférieurs à une certaine proportion du capital social.
  • Les clauses de contrôle des cessions : elles ont vocation à opérer un contrôle sur les cessions d’actions.

A titre d’exemple, la clause de préemption, la clause d’inaliénabilité, la clause d’anti-dilution ou la clause de limitation des participations sont des clauses de contrôle des cessions.

  • Les clauses de rupture : les pactes d’associés contiennent souvent une clause de sortie conjointe, une clause de « buy or sell », ou encore une clause d’exclusion d’un associé.

La rédaction du pacte d’associés, et notamment des clauses sensibles qui peuvent y être intégrées, peut s’avérer complexe. Il est impératif de faire appel à un avocat afin vous accompagner.

Sachez enfin que certaines erreurs doivent impérativement être évitées lorsque vous entreprenez la rédaction d’un pacte d’associés.

Bon à savoir : au lieu de vous référer à un exemple de pacte d’associés ou modèle que vous pouvez trouver sur internet, il vous est conseillé de vous diriger vers un avocat qui pourra vous aider en la matière afin d’éviter toute erreur ou oubli de clauses importantes.

Quelles sont les erreurs à ne pas commettre lors de la rédaction d’un pacte d’associés ?

Cet article vous explique les huit erreurs auxquelles il faut impérativement faire attention lors de la rédaction de votre pacte d’associés.

 

Ne pas indiquer la durée du pacte d’associés

En principe, il n’est pas exigé que le pacte soit encadré dans une durée déterminée, en raison de la liberté des parties lors de sa rédaction.

Cependant, il est conseillé d’indiquer une durée (date de prise d’effet et de date de fin) pour davantage de sécurité juridique.

A l’arrivée de son terme, il sera possible de conclure un autre pacte ou un pacte similaire, ou encore de le faire renouveler par certaines clauses et sous certaines conditions.

A défaut de durée mentionnée, le pacte est réputé être à durée indéterminée et ouvre le droit pour chaque signataire de le résilier unilatéralement, à tout moment, et sans motif.

 

Inclure des décisions contraires aux statuts

Le pacte ayant une valeur juridique inférieure aux statuts, toute décision qui serait prise en contradiction de ces derniers sera réputée nulle.

La rédaction du pacte implique donc une analyse préalable des statuts afin d’éviter toute nullité.

 

Inclure une clause léonine

Une clause est dite léonine lorsqu’elle :

  •  Attribue la totalité ou une partie substantielle des bénéfices à seulement certains des associés. Elle exclut en conséquent les autres associés de la répartition de ces bénéfices.
  • Ou exonère certains associés de leur contribution aux charges de la société.

Une clause léonine a donc pour effet de créer un déséquilibre significatif entre les associés liés par le pacte.

Elle est donc formellement interdite par la loi.

Si une telle clause est insérée dans votre pacte d’associé, cela risque de remettre en cause sa validité.

 

Rédiger le pacte sans l’expertise d’un avocat

Il est fortement conseillé de faire appel à un avocat lors de la rédaction du pacte, afin d’éviter toute omission d’éléments essentiels, ou toute insertion d’informations qui pourraient contrevenir à l’application de celui-ci.

 

Rédiger le pacte d’associés à la survenance d’un conflit

Une fois le conflit survenu, les parties pourront difficilement rédiger le pacte car il faudra trouver un accord entre les parties.

Il faut donc rédiger le pacte d’associé lors de la création ou de la reprise d’une entreprise.

 

Ne pas prévoir de sanctions en cas de non-respect du pacte

Il est nécessaire de prévoir des sanctions en cas de non-respect du pacte. Il peut ainsi prévoir sa résolution, son annulation, ou encore l’annulation de la décision prise en violation du pacte. Il peut également prévoir que la partie à l’origine de la violation versera des dommages-intérêts aux autres parties signataires.

 

Inclure une clause de non-concurrence sans contrepartie financière

Les clauses de non-concurrence permettent d’éviter que les associés s’investissent dans des activités portant atteinte aux intérêts de la société, notamment en allant travailler pour une société concurrente. Cependant, si aucune contrepartie financière n’est indiquée, la clause ne sera pas licite.

La clause de concurrence doit également être limitée dans le temps, dans l’espace et veiller à protéger les intérêts légitimes de la société.

 

Ne pas prévoir de mécanisme de règlement des différends

Les associés peuvent prévoir des modes de résolution des différends pour les litiges qui découleraient du pacte.

Ils peuvent soumettre leurs litiges à une procédure d’arbitrage ou à une méthode de règlement à l’amiable telle que la médiation ou la conciliation.

L’arbitrage suppose la présence d’un ou plusieurs tiers (arbitre) qui vont être chargés de rendre une décision, appelée sentence arbitrale, et qui s’imposera aux parties.

La médiation et la conciliation supposent un accord entre les parties.

Le médiateur aide les parties dans leur réflexion et décision, et cherche à faire émerger les termes d’un accord.

Le conciliateur, quant à lui, propose des solutions après avoir écouté les différents points de vue des parties.

Ces modes de règlements à l’amiable permettent d’apaiser les relations entre les associés et d’éviter, en cas de succès, de passer par une procédure judiciaire.

Ces procédures sont souvent longues et coûteuses, c’est pourquoi il est fortement recommandé de prévoir des mécanismes de règlement amiable des différends.

Bon à savoir : en matière de pacte d’associés, un avocat sera le mieux à même de représenter vos intérêts et rédiger un tel pacte afin d’éviter toute erreur comme celles citées ci-dessus.

Mise en ligne : 9 décembre 2020

Rédacteur : Julie Dinarque, Master 2 en Droit Anglais et Nord-Américain des Affaires de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et Margaux DUTERNE, Master 2 en Droit européen et international des affaires à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Sous la direction de Maître Elias BOURRAN Avocat au Barreau de Paris et Docteur en Droit.

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