Sport professionnel : comprendre l’essentiel

Sport professionnel : comment ça marche ?

Le sport professionnel est l’activité habituellement exercée par un sportif pour se procurer les ressources nécessaires à son existence. Il est difficile de définir davantage le sport professionnel, car ce n’est pas une notion reconnue par le droit français. Le Code du sport distingue uniquement les sportifs salariés d’un club, de ceux qui ne le sont pas. 

Toutefois, cela n’empêche pas le Code du sport d’encadrer la pratique professionnelle du sport. Si vous envisagez une carrière de sportif professionnel, il est important de comprendre quel statut le droit français vous réserve. Cet article a justement pour but de vous informer à ce sujet. 

Avocats en droit du sport, nous pouvons vous accompagner dans l’exercice professionnel de votre activité sportive. 

Comment définir le sport professionnel ? 

La distinction sport professionnel/sport amateur est issue, à l’origine, des fédérations sportives. Celles-ci qualifiaient de « professionnels » les sportifs qui participaient aux compétitions professionnelles qu’elles organisaient. Les compétitions fédérales « professionnelles » désignaient les compétitions à très haut niveau sportif, donc à fort enjeu financier. 

Dans ce contexte, la notion de sport professionnel réunit autant de réalités qu’il existe de fédérations sportives. Heureusement, la Convention Collective Nationale du Sport (CCNS) s’est consacrée dans les années 2000 à donner une définition unifiée du sport professionnel. 

Bon à savoir : la CCNS est une convention collective étendue qui s’applique à toutes les fédérations sportives, donc à tous leurs clubs affiliés. Sa portée en fait une référence en droit du sport. 

Selon l’article 12.1 du CCNS, le sport professionnel est une activité : 

  • exercée par un sportif à titre principal ou exclusif : le sport professionnel a donc la dimension d’une occupation quotidienne ; 
  • rémunérée (par un club, par des contrats de sponsoring, par des prix) : le sport professionnel a donc une dimension économique ; 
  • en vue d’une participation à des compétitions ou des courses : le sport professionnel a donc une dimension sportive et compétitive. 

Bon à savoir : ce dernier point implique que les sportifs professionnels évoluent à haut niveau dans leurs disciplines. Toutefois, il ne faut pas les confondre avec les sportifs « de haut niveau », qui sont des sportifs, professionnels comme amateurs, distingués par le ministère chargé des sports. 

 

Le sport professionnel comme contrat 

Il est possible de concevoir l’exercice du sport professionnel comme un contrat où deux volontés se rencontrent. D’une part, le sportif manifeste sa volonté de consacrer sa vie professionnelle à sa discipline. Le sportif exerce sa discipline « à titre principal ou exclusif ». D’autre part, le club, ou l’organisateur d’une compétition, manifeste sa volonté de promouvoir, grâce au joueur ou à l’entraîneur, le spectacle sportif. L’activité sportive professionnelle est « orientée vers la participation à des compétitions ou des courses ». 

C’est la raison pour laquelle le juge recherche souvent l’existence d’un contrat pour caractériser une activité sportive professionnelle : 

  • d’un contrat de travail : entre le joueur et son club, entre l’entraîneur et son employeur, etc ; 
  • d’un contrat d’entreprise entre le sportif indépendant et l’organisateur d’une compétition professionnelle. 

Bon à savoir : le contrat d’entreprise est une convention par laquelle une personne s’engage à mettre ses talents au service d’une autre personne contre rémunération. Il se distingue du contrat de travail parce qu’il n’instaure pas de lien de subordination entre les parties. 

 

Quelles sont les professions dans le milieu sportif ? 

En raison du critère compétitif donné par la CCNS, le sport professionnel concerne d’abord les joueurs en compétition. 

Au-delà des joueurs, les entraîneurs participent aussi au sport professionnel. 

 

La profession d’éducateur professionnel 

L’entraîneur professionnel exerce aussi son activité en vue d’une participation à des évènements sportifs. Bien entendu, cette participation n’est pas la sienne, mais celle du club tout entier, ou d’un joueur qu’il accompagne. 

À la différence des joueurs, les éducateurs sportifs sont des professionnels légalement tenus de prouver leurs compétences. En France, un contrôle est exercé tous les 5 ans sur les éducateurs qui doivent déclarer leur activité au préfet.  

Bon à savoir : cette déclaration est matérialisée par un ensemble de pièces à fournir. Leur nombre est fixé par arrêté du ministre chargé des sports. 

La validité de ce contrôle est certifiée par l’obtention d’une carte professionnelle. Le sport ne peut être enseigné à titre professionnel sans cette carte, au risque pour l’éducateur de se rendre coupable d’exercice illégal d’une activité réglementée.

Quel est le statut du sportif professionnel ?  

Les droits

Le sportif professionnel bénéficie de certaines protections

Le droit français offre au sportif professionnel, comme à tout travailleur, la protection des dispositions du droit social et du droit du travail. Ces dispositions le protègent pendant sa vie professionnelle, et à l’avenir. 

D’abord, le sportif professionnel, qu’il soit indépendant ou salarié, est assujetti à un régime de sécurité sociale. Ces assurances sociales prévoient la protection du sportif professionnel contre les accidents du travail, le risque maternité, ou encore contre le risque vieillesse

Bon à savoir : l’assiette des cotisations est très variable pour le sportif professionnel. Elle comprend l’ensemble des sommes accordées “en contrepartie ou à l’occasion du travail” : salaires et défraiements, primes et récompenses, redevances sur l’image, etc.

En elles-mêmes, ces dispositions sont assez inadaptées à la pratique professionnelle du sport. Par exemple, le repos du sportif n’est pas spécialement encadré par le Code du travail, alors que son rythme est très différent de celui de tout autre professionnel. 

Le sport professionnel est une profession usante et risquée à bien des égards, qui impose au sportif qu’il soit dans sa meilleure forme physique. Elle lui laisse peu de temps pour préparer sa retraite. Elle l’expose à la violation de sa vie privée par les médias. C’est pourquoi cette protection primaire est complétée par des mesures de protection complémentaires adaptées. 

D’une part, ce sont les mesures issues de dispositions légales spéciales du droit du sport. Par exemple, le Code du sport : 

  • prévoit à chaque embauche un examen médical obligatoire et adapté à chaque discipline ;
  • impose aux clubs et fédérations de suivre et de former leurs joueurs pour préparer leurs réinsertions professionnelles ; 
  • garantit la liberté d’expression du sportif face à la fédération de rattachement qui détient son image. 

D’autre part, les conventions collectives organisent aujourd’hui de véritables régimes de protection sociale complémentaire adaptés aux sportifs salariés, et reconnus par le Code de la Sécurité Sociale. Par exemple, la CCNS : 

  • prévoit une assurance spéciale “perte de licence” en cas d’inaptitude temporaire ou définitive du joueur à pratiquer son sport ; 
  • impose l’affiliation des joueurs à un régime de retraite complémentaire (ARRCO) ; 
  • garantit un droit du joueur sur son “image individuelle”. 

Bon à savoir : en France, des compléments de retraite sont versés aux anciens membres des sélections nationales, ou aux sportifs de haut niveau. Les sportifs indépendants ne bénéficient pas de cette seconde forme de protection complémentaire. En revanche, leur rémunération est beaucoup plus libre. 

 

Le sportif professionnel doit avoir certains revenus

Le sportif professionnel, puisqu’il fait du sport sa profession, a droit d’en tirer rémunération. 

Bon à savoir : même s’il a signé un contrat d’engagement, le sportif professionnel n’est jamais garanti de jouer en compétition. Ce n’est pas une obligation de son employeur. 

Dans le cas du sportif salarié, le contrat de travail encadre rigoureusement la relation entre le joueur et le club. La CCNS oblige alors le club employeur à verser au joueur les rémunérations convenues : salaire, avantages en nature, et primes (d’assiduité, d’éthique, de participation ou de résultat). 

Dans le cas du sportif indépendant, la nature de la rémunération dépend de la prestation qu’il offre. Il peut s’agir de la contrepartie d’une “entreprise de compétition” (qui peut prendre la forme d’une “prime de performance”), d’un parrainage, de redevances sur l’image, etc. La liberté contractuelle est ici totale. 

 

Les obligations

S’agissant des impôts

Dès lors qu’il est rémunéré pour son activité sportive, le sportif professionnel est soumis à l’impôt sur le revenu (IR).

Bon à savoir : pour des revenus issus d’une activité autre que le jeu sportif (ex : redevances sur un contrat d’image), le sportif est en principe également redevable de la TVA et de la CET. En revanche, les revenus issus de partenariats publicitaires sont classés dans la catégorie des Bénéfices Non Commerciaux soumis à l’IR. 

L’IR concerne tant le sportif domicilié en France que celui qui n’est pas domicilié en France, mais pratique en France et perçoit des « revenus de source française ». L’IR concerne tant les sportifs salariés que les sportifs professionnels indépendants. Les revenus de ces derniers sont identifiés comme des Bénéfices Non Commerciaux (BNC). 

Il existe toutefois quelques avantages fiscaux au bénéfice du sportif professionnel. D’abord, ce sont les avantages liés à ses hauts revenus ou à sa résidence hors de France. Ensuite, ce sont les avantages fiscaux plus directement liés aux pratiques des clubs et des joueurs, comme l’usage des clauses de garantie fiscale dans les contrats de travail. 

Le jeu de ces clauses engage le club employeur à prendre en charge l’impôt qui pèse sur les indemnités versées au moment des transfert de joueur professionnel

 

L’essentiel est-il de participer ? 

La victoire aux rencontres sportives est-elle une obligation contractuelle du sportif professionnel ? 

Même pour le sportif professionnel, l’essentiel est de participer. Son statut n’implique pas d’obligation de résultat, en revanche il implique une obligation de moyensUne fois qu’il s’y est engagé, le sportif professionnel doit participer à la compétition. Si cette participation est inscrite dans le cadre d’un contrat de travail avec son club, il doit également participer à tous les entraînements et stages préalables. 

Bon à savoir : le juge a même pu admettre en 2019 qu’un joueur blessé était obligé de se livrer aux soins nécessaires à son rétablissement. 

Sa défection entraîne l’engagement de sa responsabilité contractuelle auprès du club ou de l’organisateur de l’événement. 

En outre, pendant la rencontre, le sportif est tenu d’accomplir les efforts requis de la part d’un bon professionnel. À défaut, des tiers comme les parieurs [lien pari sportif] sont fondés à lui demander réparation d’une perte de chance de gains. La qualité de ces efforts, appréciée subjectivement, n’a pas d’importance.

Mise en ligne : 26 novembre 2021

Rédacteur : Charles DELIE, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et ESSEC. Sous la direction de Maître Amélie ROBINE, Avocat au Barreau de Paris et Docteur en Droit.