Assurance sportive : tout comprendre

Comment assurer la pratique de l’activité sportive ? 

L’assurance est une opération au cours de laquelle un “assuré” se fait promettre par un “assureur”, moyennant rémunération (cotisations, primes), la compensation d’un dommage causé par un risque qui se réalise.  L’assurance sportive est une assurance qui s’applique à la pratique du sport et à son organisation. 

Les risques liés à l’activité sportive sont nombreux : corporels, matériels, financiers. 

À chaque match, le boxeur risque des lésions. À chaque course, le cheval risque d’être blessé. À chaque championnat, une équipe risque la rétrogradation en division inférieure. 

Il est toujours envisageable pour les clubs, les sportifs ou les sponsors de recourir à d’autres stratégies de prévention des risques. Leur prise en charge personnelle, totale ou partielle, est une option courante. 

En effet, l’assurance sportive ne fait pas exception au droit des assurances. Sauf disposition légale contraire, chacun est libre de contracter ou non une police d’assurance. 

Toutefois, l’assurance sportive est indispensable dans bien des situations. 

Conscient dès les années 1960 que l’activité sportive présente plus de risques que toute autre activité, le législateur a rendu l’assurance sportive obligatoire dans certaines situations. 

Si vous souhaitez comprendre ce que le droit prévoit pour prévenir les risques sportifs, cet article est fait pour vous. 

Avocats en droit du sport, nous pouvons vous accompagner dans vos opérations d’assurance sportive. 

Les assurances obligatoires 

 

L’assurance sportive de responsabilité civile

L’assurance de responsabilité civile (RC) est un contrat qui charge l’assureur de garantir l’assuré des dommages dont il est responsable sur le plan civil. 

L’assurance de responsabilité renvoie donc au risque de se rendre personnellement responsable d’un dommage. 

C’est un risque courant dans le jeu sportif où une faute involontaire est vite arrivée. 

Bon à savoir : au sport, la responsabilité civile peut d’abord être engagée pour faute personnelle. Le club peut également être tenu responsable des dommages causés par ses joueurs ou ses employés/bénévoles. Toutefois, depuis 2012, le sportif ne peut plus être tenu responsable des dommages causés par une chose qu’il a sous sa garde. 

L’obligation en assurance de RC existe ainsi depuis 1962 pour les organisateurs de l’activité sportive en France. 

Elle apparaît aujourd’hui dans le Code du Sport à l’article L.321-1, qui oblige les fédérations, les clubs, les organisateurs de compétitions et les établissements d’éducation physique ou sportive, à contracter des assurances couvrant : 

  • Leur propre responsabilité civile ; 
  • Celle de leurs préposés, salariés et bénévoles
  • Celle de leurs pratiquants

Bon à savoir : l’ensemble des “pratiquants” d’un sport ne se réduit pas aux licenciés de la fédération de rattachement. Si un club bénéficie d’une assurance RC contractée par sa fédération, il devra lui-même assurer tous les pratiquants du club qui ne sont pas licenciés. 

  • Celle des arbitres et des juges sportifs

Dans ce contexte, lorsqu’un sportif cause un dommage, c’est non seulement l’assurance sportive RC de l’association, mais encore celle de la fédération de rattachement qui couvre les réparations engagées. 

La philosophie de cette obligation en assurance n’est pas de rendre l’organisateur de l’activité sportive responsable des dommages causés par sa population. 

Il s’agit plutôt de faciliter la réparation civile de préjudices récurrents dans la pratique sportive.  

C’est pourquoi le Code du sport rappelle expressément l’obligation d’assurance RC pour les activités sportives les plus dangereuses (pêche sous-marine, sports mécaniques terrestres, compétitions organisées sur la voie publique, etc. ). 

En pratique, étant donnée la taille de la population qu’ils doit assurer, l’organisateur de l’activité souscrit des contrats d’assurance “collectifs”. C’est une pratique courante des fédérations sportives

Bon à savoir : la formation de tels contrats est soumise à des précautions particulières en matière de concurrence entre assureurs et d’intermédiation en assurances.  

 

Quelle sanction en cas de manquement à l’obligation de souscrire une assurance de RC ? 

Lorsque les organisateurs de l’activité sportive manquent à leur obligation en assurance de RC, ils  privent leurs populations d’une protection à laquelle ils ont droit. 

Bon à savoir : le manquement est équivalent si la garantie souscrite par les organisateurs de l’activité sportive est insuffisante

S’agissant des sanctions civiles, les clubs et fédérations devront payer des dommages-intérêts. Leur montant est équivalent à la somme que le sportif aurait perçue en réparation des dommages qu’il a causés s’il avait été correctement assuré.   

S’agissant des sanctions pénales, curieusement, le Code du Sport punit uniquement à ce jour les “responsables d’une association sportive” de 75 000 € d’amende et de six mois d’emprisonnement. 

Cela implique que l’association comme personne morale ne peut pas faire l’objet de poursuites pour défaut de souscription à l’assurance obligatoire. 

De même, les fédérations sportives, les sociétés sportives, et les organisateurs de compétitions sportives ne semblent pas concernés par cette sanction pénale. 

 

Quelles limites à l’obligation en assurance de RC ? 

 

Quels dommages doivent être couverts ? 

L’assurance de responsabilité souscrite doit couvrir tous les dommages consécutifs à l’exercice des activités sportives : blessures, dégradation du matériel, privation d’un service sportif, etc. 

Toutefois, cette obligation cesse lorsque l’assuré commet une faute intentionnelle. C’est une exclusion de garantie prévue par le Code des assurances

Bon à savoir : l’assureur garantit en revanche les dommages qui se sont produits par la faute intentionnelle d’une personne dont l’assuré est civilement responsable. Si le membre d’une équipe commet une faute intentionnelle, l’assureur du club auquel il appartient est obligé de le garantir des dommages causés.  

Cette exclusion légale vaut également pour une faute dolosive de l’assuré, c’est-à-dire une faute qui, sans être intentionnelle, n’est pas inconsciente de sa part. 

En outre, l’obligation en assurance n’empêche pas les acteurs de la branche sport de convenir d’autres exclusions spécifiques. Ils incluent alors des clauses d’exclusion dans les contrats d’assurance de RC qu’ils forment. 

Par exemple, il est courant que l’assureur obtienne des dirigeants du club qu’il ne répare pas les dommages causés par les sportifs à leur encontre, ou à l’encontre des biens du club.  

Vous l’aurez compris, il est important de veiller au contenu du contrat d’assurance de RC. 

 

Quelles activités doivent-être assurées ? 

Le Code du sport dispose que les groupements sportifs doivent souscrire des assurances de RC “pour l’exercice de leur activité”. 

Les organisateurs de l’activité sportive doivent donc se protéger des dommages survenus : 

  • au cours de la pratique du sport, y compris pendant les compétitions ; 
  • dans le cadre du fonctionnement administratif des clubs et fédérations. 

Les activités extra-sportives (spectacles, kermesses, fêtes annuelles) ne sont donc pas soumises à l’obligation en assurance.

Les assurances facultatives 

 

L’assurance sportive individuelle contre les accidents corporels 

L’assurance sportive “individuelle-accident” indemnise les dommages corporels subis par l’assuré à la suite d’un accident sportif. 

Ce n’est pas la notion de responsabilité, mais d’accident qui fonde cette opération d’assurance : les blessures au sport, les traumatismes durables. 

Elle ne protège donc pas le sportif ou le club contre les dommages qu’il pourrait causer à autrui, mais contre ceux qu’il pourrait personnellement subir. 

Puisqu’elles concernent avant tout les individus, les fédérations et les clubs ne sont pas tenus de souscrire de telles assurances sportives pour leurs populations. 

L’obligation d’information des organisateurs de l’activité sportive 

Toutefois, les fédérations et les clubs sont obligés d’informer les sportifs des risques corporels auxquels ils s’exposent dans la pratique de leur activité sportive. 

Bon à savoir : avant 2000, cette obligation d’information était accompagnée d’une obligation de proposition d’assurance sportive individuelle aux sportifs. Cette obligation a été supprimée parce qu’elle limitait le jeu comparatif des assurances sportives. 

Les fédérations et les clubs devront prouver la bonne exécution de l’obligation d’information. 

S’ils n’informent pas leurs sportifs, ou s’ils ne peuvent apporter cette preuve, le club et la fédérations seront tenus responsables de “la perte de chance du sportif d’avoir été correctement assuré”. 

 

Les assurances contre les risques matériels et financiers 

 

Risques matériels 

L’organisateur d’une activité sportive peut décider d’assurer les biens qu’il emploie à cette fin. 

Tous les biens peuvent ainsi être assurés : enceinte sportive, vestiaires, équipements sportifs, véhicules loués, chevaux de course, trophée du vainqueur, billet d’entrée au stade, recettes de la billetterie, etc.

La seule règle en la matière est que l’indemnité prévue par le contrat d’assurance ne peut dépasser le montant de la valeur du bien assuré.  

Le bénéficiaire de l’assurance doit donc recenser et estimer précisément les biens matériels qu’il souhaite assurer. 

Bon à savoir : la méthode d’estimation du bien est choisie librement par le bénéficiaire de l’assurance. Ce choix influencera toutefois le prix de l’assurance sportive.  

En revanche, tous les risques ne sont pas assurables. Seuls les risques aléatoires, réels et licites sont couverts. 

Dans ce contexte, une assurance qui porterait sur un gymnase déjà incendié serait annulée pour défaut d’aléa. De même, le fait de blesser son cheval en connaissances des risques, même sans en avoir l’intention, n’ouvre pas droit à la garantie. 

Dans certaines hypothèses toutefois, l’assureur et le bénéficiaire peuvent convenir de garanties que la loi exclut par principe. 

En particulier, même si la loi ne garantit pas les biens du club contre les émeutes et les mouvements populaires, celui-ci peut s’entendre avec l’assureur pour couvrir les dégâts éventuellement causés par des supporters mécontents.  

Bon à savoir : une telle garantie peut notamment être négociée à partir du contrat d’assurance sportive incendie. Cette assurance couvre, avec le vandalisme et l’incendie, une multitude de risques comme l’explosion, la foudre ou le terrorisme. C’est la principale assurance multirisque en sport. 

 

Risques financiers 

Étant donnés les enjeux financiers toujours plus importants des activités sportives, l’assurance contre les risques financiers, même si elle n’est pas obligatoire, est de plus en plus répandue dans le monde du sport. 

En fonction de ses intérêts propres, le bénéficiaire peut aujourd’hui donner une multitude d’objets à sa garantie financière : 

  • L’organisateur d’une compétition garantira les recettes issues du spectacle sportif ; 
  • Le club sportif professionnel garantira le retour sur investissement d’un contrat signé avec un joueur ; 
  • Le sportif professionnel garantira le salaire qu’on lui verse ;
  • Le sponsor garantira la performance du sportif parrainé ; etc.

Les risques assurés sont encore plus nombreux. Il convient de les énumérer précisément pour déclencher la garantie. 

Pensez notamment aux événements affectant : 

  • Le déroulement de la compétition sportive (pluie, neige insuffisante, retrait de l’autorisation administrative, problèmes de transport, etc.) ; 
  • La capacité à jouer du sportif (blessure, maladie, décès, dans le cadre ou en dehors de l’activité sportive, hors activités dangereuses) ; 

Bon à savoir : les accidents consécutifs à l’usage de produits dopants ne peuvent être admis dans la liste des risques déclenchant la garantie.  

  • Les performances du sportif. 

Mise en ligne : 8 juillet 2021

Rédacteur : Charles DELIE, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Sous la direction de Maître Amélie ROBINE, Avocat au Barreau de Paris et Docteur en Droit.