BSPCE : comment ça marche ?

BSPCE : Comment intéresser votre équipe au résultat d’entreprise ?

Les BSPCE sont des bons de souscription d’actions du capital d’une société adaptés aux PME et aux start ups

Ils permettent non seulement aux dirigeants, mais encore aux salariés de l’entreprise, de souscrire des parts dans la société à des conditions fiscales avantageuses.  

En ce sens, les BSPCE permettent d’intéresser toutes les parties prenantes à la croissance d’une jeune entreprise. 

Si votre société est une jeune entreprise, une PME en pleine croissance ou encore une start-up, fidéliser votre équipe et vos collaborateurs peut devenir une stratégie de levée de fonds permettant d’assurer la pérennité de votre activité. 

Vous souhaitez savoir comment utiliser des BSPCE à votre avantage ? Cet article est fait pour vous. 

Avocats en droit des affaires, nous pouvons vous accompagner dans la souscription et l’émission de BSPCE. Nous pouvons également assister les entreprises et les entrepreneurs dans la procédure applicable.

Les BSPCE : définition 

Les BSPCE (Bons de Souscription de Parts de Créateur d’Entreprises) sont des valeurs mobilières créées par la loi de finances pour 1998.

Spécialement ouverts aux dirigeants et aux employés, les BSPCE permettent à leur possesseur d’acquérir à des conditions prédéterminées les titres d’une société créée depuis moins de 15 ans

Vous l’aurez compris, les BSPCE sont une forme de stock option

Toutefois, pour bien comprendre ce que sont les BSPCE, il convient justement de les distinguer des actions, options et stock-options.

 

Actions, options, stock-options et BSPCE

L’action est un titre financier émis par la société en contrepartie d’une participation à son capital social. 

Ce titre donne à son détenteur des droits financiers et politiques contre l’entreprise en échange de ses apports en société

Les actions peuvent être achetées sur un marché si la société est cotée en bourse, ou auprès d’associés d’entreprise si ce n’est pas le cas. 

L’option est un contrat qui donne le droit d’acheter plus tard une action à son prix actuel, sur un marché ou auprès d’un associé. 

La détention d’une option n’est pas équivalente à l’achat d’une action. Pour détenir l’action, celui qui a acheté une option doit la “lever”. Il peut également ne pas le faire. 

Par précaution, en cas de doute sur l’évolution future du cours de l’action, le détenteur se contente en quelque sorte de la réserver afin de limiter des pertes éventuelles. 

Le stock-option est une option conçue spécialement pour les relations d’entreprise. 

L’entreprise va offrir à ses meilleurs salariés, le droit d’acheter des actions qu’elle émet à un prix et une date déterminée à l’avance dans le contrat.

La seule différence avec le contrat d’option est que l’option dans le contrat de stock-option est gratuite

La contrepartie de la gratuité d’un stock-option est que la fiscalité à laquelle il est soumis est particulièrement lourde. 

Bon à savoir : le gain de levée d’option dans le cas d’un stock-option est soumis à l’IR, à la CSG et à la CRDS, et parfois aux cotisations salariales. 

Le fonctionnement des BSPCE est similaire à celui des stocks-options.

Toutefois, l’imposition des BSPCE est beaucoup moins lourde. 

 

BSPCE : un exemple 

Vous avez donc compris qu’un BSPCE est un bon attribué par une société qui donne droit à son bénéficiaire d’acquérir, pendant une période et à un prix déterminés au moment de son acquisition, des actions de la société.

Vous travaillez dans une jeune PME en pleine croissance depuis plus de 3 ans. 

À la fin de l’année 2019, la société vous rémunère en partie en vous offrant des BSPCE sur une action de la société. L’action vaut alors 200 €. 

Le BSPCE vous donne le droit pendant deux ans d’acheter l’action à 200 € si vous le souhaitez.

Un an plus tard, à la fin de l’année 2020, en raison de la croissance de l’entreprise, l’action vaut désormais 400 €. 

Vous décidez d’exercer le droit d’acheter l’action que vous donne le BSPCE que vous détenez. Vous venez d’acquérir pour 200 € une action qui en vaut 400 sur le marché. 

Vous venez de réaliser un gain de 200 € de levée d’option du BSPCE. La fiscalité applicable (voir plus bas) vous ôte 60 € sur cette plus-value. 

S’il s’agissait d’un stock-option classique, à supposer que vous fussiez imposé au minimum de l’IR cette année-là, vous auriez été prélevé d’au moins 62 €. 

Quels sont les avantages des BSPCE ?

BSPCE : quels avantages pour les bénéficiaires ?

Vous l’aurez compris, le principal avantage des BSPCE du point de vue de leurs bénéficiaires est qu’ils sont attribués gratuitement, et soumis à une fiscalité moins lourde que les stock-options. 

Bon à savoir : au moment de lever l’option, les bénéficiaires d’un BSPCE pourront toutefois payer un prix d’exercice

Les bénéficiaires des BSPCE vont donc avoir la possibilité d’acheter des actions à bas coût, alors que leur valeur pourrait être nettement plus élevée.

Les BSPCE facilitent donc tout particulièrement les plus-values. 

Dans l’hypothèse où le cours des actions baisserait, les pertes seraient donc limitées.

 

BSPCE : quels avantages pour les sociétés ?

Les BSPCE incitent les salariés et mandataires sociaux à être plus performants. En effet, la valeur des actions n’augmentera que si l’entreprise est elle-même performante, ce qui est rarement le cas si les équipes ne le sont pas.

Les BSPCE vont donc inciter les équipes à faire en sorte que la société ait les meilleurs résultats possibles, et ce, sans que la société ne verse de prime ou de bonus.

Les BSPCE : quelles conditions d’émission et d’attribution ? 

Quelles sociétés peuvent émettre des BSPCE ?

Seules les sociétés par actions peuvent attribuer des BSPCE

La start-up, même jeune, devra donc être créée soit en société par actions simplifiées (SAS), soit en société anonymes (SA), soit en société en commandite par actions (SCA).

Ces sociétés doivent encore présenter certaines caractéristiques :

  • Avoir été créées il y a moins de 15 ans : les BSPCE sont conçus pour les jeunes entreprises ;
  • Avoir une capitalisation boursière de moins de 150 millions d’euros ou ne pas être cotées : les BSPCE sont conçus pour les petites structures ;
  • Être soumises à l’impôt sur les sociétés en France : c’est la contrepartie de la fiscalité avantageuse du dispositif ;

Bon à savoir : La loi de finances pour 2020 a élargi le champ d’application des BSPCE aux sociétés dont le siège est établi dans un État membre de l’Union européenne ou, dans un État ayant conclu une convention fiscale avec la France. 

  • Avoir au moins 25 % de leur capital détenu par des personnes physiques (ou par des personnes morales dont le capital social est à majorité détenu par des personnes physiques).

 

Qui peut bénéficier des BSPCE ?

Les BSPCE ne peuvent pas être attribués par les sociétés à n’importe qui. En effet, les possibles bénéficiaires des BSPCE sont les :

  • Salariés de la société émettrice ;
  • Mandataires sociaux (gérant, directeur général, etc.) ;
  • Salariés ou mandataires sociaux des filiales de la société émettrice, mais sous certaines conditions.

Les conditions d’émission et de réception étant relativement strictes, il peut être judicieux de se rapprocher, en matière de BSPCE, d’un avocat en droit des affaires.

Les BSPCE : quelles conditions d’exercice ?

C’est l’Assemblée Générale Extraordinaire (AGE) de votre structure qui décide du plan BSPCE. Cette assemblée est la garantie du consentement des associés à l’émission des titres. 

Bon à savoir : l’AGE se distingue de l’AG ordinaire par l’objet exceptionnel des délibérations qui s’y tiennent, et par les majorités plus lourdes qui sont nécessaires pour y adopter une résolution. 

 

Comment déterminer le prix d’acquisition des BSPCE ?

Le prix d’acquisition des bons est fixé au jour de l’attribution des titres par l’AGE. 

Il doit être au moins égal au prix proposé pour des titres de même nature lors de l’augmentation de capital social intervenue au cours des 6 derniers mois.

 

Quel est le délai pour procéder à l’émission des BSPCE ?

L’article L.225-138 du Code de commerce dispose que « l’émission des bons doit être réalisée dans un délai de 18 mois à compter de la décision de l’AGE. « 

Concernant le délai d’exercice des bons, l’article 163 bis G du Code général des impôts dispose que c’est à l’AGE de fixer le délai pendant lequel les options pourront être exercées.

Quelle fiscalité applicable pour les BSPCE ?

Si l’émission et l’attribution des BSPCE est si encadrée, c’est parce qu’ils sont très avantageux et très attractifs pour leurs détenteurs d’un point de vue fiscal. 

Certes, le gain de levée d’option né de leur exercice est soumis à des cotisations sociales conséquentes, à savoir un taux de cotisation de 17,2%. 

Toutefois, l’imposition des gains liés au BSPCE est beaucoup plus simple que celle des gains liés au stock option. 

Par exemple, la plus-value d’acquisition n’est pas soumise à la contribution salariale. En effet, le législateur ne tient pas à rendre contraignante la prise d’action du salarié. 

La plus-value d’acquisition n’est soumise qu’à l’impôt sur le revenu (IR). Le taux appliqué au titre de celui-ci diffère selon l’ancienneté du bénéficiaire du bon. 

En effet, le droit fiscal impose moins les bénéficiaires qui ont plus d’ancienneté dans l’entreprise : le but du BSPCE, encore une fois, est de fidéliser les salariés ou les dirigeants. 

Enfin, le régime fiscal applicable est différent selon que le bon vous a été attribué avant ou après la loi de finances pour 2018 qui a réformé la fiscalité des revenus du capital, y compris celle des BSPCE. 

La fiscalité des BSPCE est résumée dans le tableau récapitulatif ci-dessous :  

Circonstances de l’attribution du BSCPE par la société Avant le 31 décembre 2017 Après le 1er janvier 2018
Activité inférieure à 3 ans dans l’entreprise Activité supérieure à 3 ans dans l’entreprise Activité inférieure à 3 ans dans l’entreprise Activité supérieure à 3 ans dans l’entreprise
Taux de l’IR 30% 19% 30% 12,8%
Taux de cotisations sociales  

17,2 %

 

17,2%

Taux TOTAL 47,2% 36,2% 47,2% 30%

Quelle est la différence entre les BSPCE, BSA et AAG ?

Il existe d’autres mécanismes d’intéressement que les BSPCE : les bons de souscription d’actions (BSA) et les attributions d’actions gratuites (AAG).

Tous ces mécanismes portent sur l’attribution de valeurs mobilières aux membres d’une société. 

Bien que leur finalité soit identique, les conditions dans lesquelles ces mécanismes peuvent être mis en œuvre sont différentes. 

Comme il a pu être noté ci-dessus, les conditions d’émission des BSPCE sont par exemple beaucoup plus strictes que celles des BSA. 

Sinon les conditions de mise en œuvre, c’est la logique de la stratégie qui est différente. 

L’AAG se distingue des BSA et BSPCE dans la mesure où elle intéresse d’abord la société, et n’offre pas vraiment d’option à son bénéficiaire. Celui-ci reçoit des actions, et n’est pas autorisé à les céder pendant un certain temps, que cette rétribution l’arrange ou non. 

Au moment de choisir votre stratégie d’intéressement, il peut être judicieux de se rapprocher d’un avocat afin d’être accompagné dans votre choix.

Mise en ligne : 3 décembre 2020

Rédacteur : Charles DELIE, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Julie Dinarque, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et Margaux DUTERNE, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Sous la direction de Maître Elias BOURRAN Avocat au Barreau de Paris et Docteur en Droit.

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